L’hommage national aux victimes de l’attentat du 13 novembre à Paris aura lieu ce vendredi 27 aux Invalides. La cérémonie sera présidée par François Hollande. Partout en France, dans nos communes, l’hommage sera relayé car c’est toute la République qui est touchée et qui veut résister. Mais, comme en janvier, de nombreuses questions sont posées par des citoyens. Certaines d’entre elles me laisse sans voix quand d’autres me font vivement réagir. Et c’est à ces dernières que je voulais ici consacrer quelques mots.
Depuis quelques jours les théories du complot fleurissent – naturellement ? – sur internet, mais aussi bien au delà… L’état d’urgence permettrait au gouvernement de restreindre toutes les libertés fondamentales. Les attentats seraient un prétexte pour proposer une réforme constitutionnelle. L’État français financerait indirectement Daesh. Tant d’absurdités qu’il faut condamner, de mensonges auxquels il faut répondre.
J’y oppose quelques questions. Combien d’attentats ont été déjoués depuis janvier, depuis 2012, depuis 2001 ? Celui du Thalys a été médiatique mais croire que rien n’a été fait serait une insulte à nos services de renseignement et nos forces de l’ordre qui travaillent au quotidien pour nous protéger. Croire que les fiches S seront la seule solution au problème serait une erreur. Combien de chefs d’États dans le monde prendraient les pleins pouvoirs face à la situation que nous connaissons ? Beaucoup, probablement. Combien préfèrent demander l’aide des parlementaires ? Moi j’en connais un : François Hollande. Comment la diplomatie pourrait-elle fonctionner en coupant toute relation avec des pays dont les régimes ne sont pas semblables au notre ? À coup sûr elle ne le pourrait pas car la France a la vocation d’influencer le monde. Pour cela les relations qu’elle entretient ne sont pas uniquement économiques et elle sait reconnaître ses ennemis et leurs alliés.
Quelques explications méritent également d’être données. L’état d’urgence n’est instauré que pour une courte durée et répond à une situation exceptionnelle. Il n’a pour objectif que de rendre plus efficace l’arrestation de terroristes étant prêts à passer à l’acte de manière imminente. Les rassemblements sont limités pour des raisons de sécurité sans que cela n’empêche la libre expression. Les préfets gèrent les différentes situations de rassemblements avec intelligence. Quant à la réforme de la Constitution, la proposition consiste à intégrer cet notion état d’urgence. Aujourd’hui il existe deux possibilités : les pleins pouvoirs et l’état de siège. Ce n’est pas approprié à la situation que nous vivons, une nouvelle forme de guerre sur laquelle nous pourrons d’ailleurs revenir.
L’hommage national de vendredi est important. Il doit balayer les polémiques. Il sera à la fois un moment de recueillement mais aussi et surtout un message d’espoir. Le gouvernement seul ne peut rien faire contre ce terrorisme, quel qu’en soit le bord politique. C’est à nous tous, de se lever, de s’engager pour défendre nos valeurs. Il y a tant de moyens de le faire. Nous aspirons à vivre librement. Libres de penser. Libres de croire ou de ne pas croire. Libres de s’exprimer. Nous voulons vivre égaux. Nous devons donc mettre toutes les forces de ce côté. C’est cela l’unité nationale, la fraternité. Ce n’est pas qu’une question de politique. Il s’agit de nos vies. Le président de la République le rappelait la semaine dernière : « Aimez la vie. Aimez profondément la vie, celle qu’on veut atteindre, la vie des hommes et des femmes tués par les assassins lâches, la vie des survivants. »