Le projet de loi du Gouvernement sur la santé, qui a été voté hier par l’Assemblée nationale en première lecture, est l’un des textes les plus importants pour le quinquennat d’Emmanuel Macron à plus d’un titre.
D’une part parce que le système de santé doit être profondément transformé pour le rendre plus accessible et aussi parce que nous voyons bien que pour qu’il soit plus efficace, qu’il permette aux patients de profiter de soins de qualité, les conditions de travail, notamment dans les hôpitaux, doivent être améliorés en urgence.
La fin du numerus clausus, proposée de longue date par la gauche et portée dans la réforme du Gouvernement, laisse tout de même perplexe. En effet des modalités tiendront compte des capacités de formation et reposeront sur une concertation entre les universités et les Agences Régionales de Santé, ce qui risque de ne rien changer si les capacités d’accueil des universités de médecine et les offres de stage ne sont pas augmentées. Encore une fois, ce n’est pas un projet de loi qui va changer les choses, mais bel et bien le projet de loi de finances, et donc les budgets alloués à ces questions, qui pourront changer le système.
La transformation numérique du système de santé qu’apporte le projet de loi, notamment en matière de télémédecine et de développement de l’utilisation des données en matière de santé, est une bonne chose même s’il convient de rester vigilant sur l’application. Il faut en effet que le monde de la santé s’adapte aux mutations de la société, sans non plus devenir
D’autre part parce que le système de santé est en tension dans l’ensemble des territoires. Si les collectivités locales pourront définir des objectifs particuliers spécifiques à leur territoire en matière de promotion de la santé, dans le cadre des compétences que leur reconnaîtra désormais la loi, le projet de loi porte aussi une réorganisation globale de la carte hospitalière française. Celle-ci ne doit pas se faire au détriment des territoires ruraux ! Je suis par exemple très choqué du mépris d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, envers les arguments pour le maintien de la maternité du Blanc dans l’Indre.
Les médecins non européens pourront financer leurs études en échange d’un engagement à exercer dans des territoires à la peine, zones rurales ou grandes banlieues. Cette mesure pose d’ailleurs question puisque l’obligation d’installation qui existe déjà pour les pharmaciens n’est pas envisagée pour les médecins alors que l’incitation financière des étudiants français et européens à s’installer dans un territoire précis pourrait être une solution intéressante pour les territoires sous dotés en médecins.
Plus localement, on parle souvent de faire du centre hospitalier régional (CHR) d’Orléans un centre hospitalier et universitaire (CHU). Un amendement, présenté par Jean-Pierre Door et Claude de Ganay, députés du Loiret, visait à faire de chaque chef-lieu de région le siège d’un CHU. Même si je ne crois pas que cela répondrait comme par magie à la désertification médicale que subit de plein fouet le Loiret, je suis persuadé que ça faire partie de la réponse. France entière, Outre Mer compris, en dehors d’Orléans, il n’existe pas de capitale régionale sans CHU et toutes les métropoles, à l’exception de la métropole d’Orléans en possèdent un. Je suis surpris de la position de Stéphanie Rist, co-rapporteure du projet de loi à l’Assemblée nationale, membre de la commission des Affaires sociales, qui a soutenu le rejet de cet amendement.
De deux choses l’une, ou plutôt… trois :
Vous supprimez le CHU de Tours au profit d’Orléans
Vous ajoutez un second CHU pour la région (Donc Tours et Orléans)
Vous restez dans le statut-quo, CHU Tours et CHR Orléans