Il y a de quoi regarder les Orléanais comme des aliens : « CO’Met » c’est le nom donné au futur Parc des Expositions et des Congrès, projet encore en gestation.
Si personne ne conteste la qualité de ce projet, aussi bien dans son aspect technique – puisque ce sera un ensemble de bâtiments modulables – que politique, il y a tout de même de quoi se poser quelques questions.
D’abord, est-ce un projet véritablement vertueux sur le plan environnemental ? Nous sommes en droit de se demander si ce projet s’inscrit réellement dans une démarche de développement durable… Par exemple, les bâtiments fonctionneront grâce à la géothermie et au photovoltaïque mais à l’extérieur… combien d’arbres seront replantés pour compenser ceux déracinés pour relier le parking des Montées, quand bien même cette connexion était nécessaire ? Le projet répond-il réellement à un besoin économique dans un contexte où la croissance fait face à de nouveaux modes de vie ?
D’autres points me laissent perplexe.
Sur des questions démocratiques. Quel est l’intérêt d’avoir précipité le lancement de ce projet ? Pourquoi ne pas avoir fait davantage de concertation sur un projet si stratégique qui va changer la morphologie de la ville et engager les collectivités pour des décennies ? Pourquoi consacrer autant d’argent – plus de 100 millions d’euros – et n’avoir que peu de considération pour des projets moins coûteux et tout aussi bénéfiques pour l’attractivité économique (créer un tiers-lieux comme suggéré par Tous Orléans ou rendre les transports en commun en accès libre par exemple) ? Pourquoi ne pas avoir imaginé un montage financier diversifié ? Il est aujourd’hui axé uniquement sur l’effort du contribuable.
Sur des questions urbanistiques. L’emplacement du projet est-il le bon ? Dans toutes les grandes villes de France le parc des expositions et/ou le palais des congrès est situé près d’une gare. Pas à Orléans, et cela à son importance car chaque utilisateur du tram sait que la liaison nord-sud peut être très compliquée. Le franchissement de la Loire, comme dans toutes les villes ligériennes, est très compliqué. N’aurait-on pas été gagnants à repenser notre parc des expositions et notre palais des congrès au nord de la Loire ? N’aurait-on pas été gagnants à imaginer cela par exemple près de la gare de Fleury-les-Aubrais, où nous y construisons le nouveau grand quartier d’affaires « Interives » ? La friche de Quelle à Saran pouvait être une autre possibilité ? Un autre emplacement aurait en tout cas permis d’être plus économe puisqu’il aurait été inutile de créer – à Fleury-les-Aubrais d’ailleurs – une grande aire événementielle éphémère.
Sur des questions sportives. Si la rénovation du Parc des Expositions et des Congrès était urgente et nécessaire – car de vieux équipements peuvent être plus coûteux que de tout reconstruire – la création d’une grande salle sportive d’une jauge de 8000 places ne me semble pas être une priorité. Le prétexte des Jeux Olympiques et Paralympiques n’est pas très convaincant dans la mesure où Paris 2024 est un projet bien abouti et que les marges de manoeuvres sont très étroites… De là que reste-t-il ? Orléans a-t-elle besoin de cela ? Pourquoi ne pas plutôt privilégier la rénovation complète du Palais des Sports, et de sa grande salle, dont la jauge actuelle est de 3222 places, notamment en y construisant un parking ? Et si l’idée est réellement de voir les choses en grand, pourquoi ne pas plutôt opter, comme l’a suggéré là aussi Tous Orléans, la construction d’un nouveau stade couvert – sur l’actuel site de La Source ou sur celui du stade des Montées par exemple – d’une capacité minimum de 8000 places, extensible, avec possibilité de moduler pour d’autres événements sportifs (rugby, basket, hand, escrime, etc.) ou culturels (concerts, etc.) ? La seule partie de CO’Met qui n’est finalement pas modulable, alors que c’est le seul intérêt du projet global, c’est la salle sportive. C’est une aberration. Pourquoi avoir greffé au projet CO’Met, qui avait donc déjà des défauts, une vieille idée, celle de l’Arena ? Si l’Arena ne s’était pas concrétisée, c’est probablement qu’il y avait une bonne raison…
Les pistes auraient pu être nombreuses s’il y avait eu la volonté politique d’écouter la parole citoyenne, y compris du côté de l’opposition municipale qui n’a pas joué son rôle dans ce dossier. Dans l’argumentaire que fourni la Mairie sur CO’Met, l’honnêteté n’est pas d’invoquer une quelconque innovation dans ce projet, ou même d’oser dire qu’il va nourrir une stratégie économique. L’honnêteté serait de reconnaître que ce projet a été lancé rapidement pour montrer un maire, un président de Métropole, dans l’action. Au détriment d’une vraie vision pour l’avenir d’Orléans.