Alors que les 33e Jeux Olympiques de l’ère moderne ont pris fin pour laisser place, dans quelques jours, aux Jeux Paralympiques, n’est-il pas légitime de supposer ce que Paris 2024 pourra laisser comme trace ?

Celles et ceux qui me suivent ici depuis longtemps savent que j’ai partagé ce rêve de voir les Jeux s’organiser à Paris avec de nombreux autres amoureux du sport et de la fête. La concertation qui avait eu lieu partout en France en 2016 pour recueillir les propositions des Françaises et des Français afin d’ouvrir grand les Jeux laissait déjà présager l’incroyable euphorie que nous avons connu durant cette quinzaine olympique. Personne ne pouvait en revanche soupçonner combien ce que Tony Estanguet, Anne Hidalgo et leurs équipes avaient dans la tête allait à ce point magnifier les Jeux.

Nous avons Paris 2024 en commun avec les images des plus beaux stades, du Grand Palais au Champs de Mars, de la Concorde aux Invalides, de Versailles à Teahupo’o, gravées à tout jamais dans l’histoire olympique et dans nos têtes.

On voudrait certainement toujours faire plus mais, il faut bien le dire, cette fois, on aurait difficilement pu faire mieux.

Et la fête n’a été que plus belle en regardant les athlètes français déployer leurs efforts, chacun dans leur sport mais dans un même élan collectif : faire progresser la France dans le tableau des médailles et, plus simplement, faire progresser le sport en France. Peut-être voulaient-ils aussi, plus intimement, dépasser leurs limites. Comme Léon Marchand par exemple ? Mais beaucoup d’autres ont brillé ! Sur le 1 500 mètres nage libre, l’endurance d’Anastasiaa Kirpichnikova m’a tout simplement coupé le souffle. Les coups de sabre de Manon Apithy-Brunet, l’escrimeuse orléanaise, m’ont captivé jusqu’à ce qu’elle décroche sa première médaille d’or olympique dans une finale purement franco-française. La mana de Kauli Vaast pour s’engager sur les rares vagues, mais toujours les meilleures, m’a émerveillée. Surf, BMX, taekwendo, basket : les progressions françaises ont été spectaculaires. Bien sûr, il y a eu des déconvenues comme au hand, en aviron ou au tir, mais ce que nous pourrons retenir avant tout de ces Jeux pour le sport français, c’est que de nouvelles générations sont prêtes à prendre la relève de glorieux Teddy Riner ou Florent Manaudou.

Même si je rêve de voir se développer encore plus de disciplines mixtes, notamment dans les sports collectifs comme au foot, car je suis persuadé qu’il s’agit là d’un vecteur d’inclusivité multiple dans le sport, je sais qu’il n’était pas encore l’heure en 2024. Pourtant, ce sont bien les Jeux Olympiques et Paralympiques qui peuvent faire évoluer la pratique du sport dans le monde ! Pour la première fois, le ballet à 8 en natation artistique n’était pas réservé qu’aux femmes. Nul doute que ce changement de règle contribuera à voir la pratique de la natation artistique s’amplifier chez les hommes.

Chaque olympiade est différente et chaque pays organisateur sait rendre la sienne très belle mais j’ai le sentiment, par chauvinisme peut-être et par esprit olympique plus certainement, que la France a été le premier pays depuis très longtemps à transmettre non pas une simple vision du monde mais une vision d’avenir, une vision pour faire perdurer les valeurs olympiques, en témoigne la magnifique et symbolique cérémonie de clôture.

Je note qu’en parallèle des valeurs olympiques, les valeurs républicaines ont tenu le rang à travers la cérémonie d’ouverture et à travers les Phryges. Une manière d’accoler à la devise olympique Citius, Altius, Fortius – Communiter la devise républicaine Liberté, Égalité, Fraternité ? Une chose est sûr en tout cas, jamais une mascotte, certes moquée à ses débuts mais j’en suis un fan de la première heure et je l’assume, n’a porté un message aussi politique que celle-ci. Et puis plus que les Phryges, c’est le mouvement sportif français, avec l’appui des collectivités territoriales, qui a joué le jeu et mis en musique de beaux moments de fraternité partout en France.

Partout en France, sauf à Orléans et dans quelques autres villes réfractaires, des « Clubs 2024 » ont en effet vu le jour et ont permis au grand public à la fois de suivre les épreuves en direct sur écran géant et de découvrir les clubs sportifs locaux. Comme le Parc des Champions au Trocadéro, cette innovation a suscité l’engouement et a permis l’accès à de nombreux citoyens aux Jeux Olympiques. Je ne suis pas étonné que nous n’ayons eu la chance de vivre cela à Orléans quand je vois que la Mairie n’a rien souhaité organiser lors de la consultation en 2016 et que seulement quelques élus de la majorité comme Fanny Picard ou Pascal Tebibel se sont vraiment intéressés aux Jeux ces dernières semaines. Je sais que ces quelques lignes ne sont pas à la hauteur du beau moment de rassemblement que nous avons connu mais je suis vraiment déçu de ce désintérêt criant de nos élus. Comment peut-on servir le slogan « Orléans, ville sportive » à toutes les sauces quand on est incapable d’organiser plus que l’accueil du relais de la flamme ?

La politique ne peut jamais vraiment faire de trêve même durant une période olympique. Je sais néanmoins que la pause imposée aux médias a fait beaucoup de bien. Au fond, les Françaises et les Français n’ont-ils pas montré aux fauteurs de troubles politiques qu’ils veulent simplement vivre en paix malgré leurs différences ? Ne devrait-on pas s’en inspirer pour dépasser la situation de blocage à l’Assemblée nationale ? Et si un gouvernement neutre était nommé autour de quelques ministères resserrés, s’engageant à ne déposer aucun projet de loi sauf sur le budget et à appliquer toutes les propositions de loi votées ? Cela replacerait le Parlement au cœur de la machine politique, tout en protégeant nos institutions, laissant les députés et les sénateurs maîtres de leur calendrier, de leur stratégie et de leurs alliances.

Et qui sait : peut-être que le futur gouvernement travaillera sur le soutien à une nouvelle candidature d’une ville française pour organiser des Jeux Olympiques d’été ?

Après tout, des villes comme Lille ou Marseille auraient de nombreux atouts !

Après tout, nous avons tout Paris 2024 à transmettre comme héritage !

Nous avons le devoir de transmettre à nos enfants, nés ou projetés, nos neveux, nos nièces, cet esprit olympique et républicain pour qu’ils imaginent à leur tour des Jeux plus forts, plus hauts et plus vite, bien avant cent ans.