La cérémonie de panthéonisation de Pierre Brossolette, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay, annoncée il y a plus d’un an par François Hollande, avait lieu hier à Paris. Nous pourrions dire tant de choses sur cette belle cérémonie. Mais le président de la République a parlé au nom de nous tous et je voudrais partager ici deux extraits que j’ai trouvé particulièrement poignants. Vous pouvez également retrouver l’intégralité de son discours sur le site internet de l’Elysée.
Tous compagnons de la même Libération
« Deux hommes, deux femmes, qui incarnent la Résistance. Pas toute la Résistance, la Résistance a tant de visages : des glorieux, des anonymes, ces soutiers de la gloire, ces soldats de l’ombre qui ont patiemment construit leurs réseaux. Ces partisans pour qui la défense de la patrie s’ajoutait à l’idéal qui les transcendait. Il y avait des Français, il y avait des étrangers qui étaient venus donner leur sang au sol qui les avait accueillis. La Résistance a tant de martyrs : des fusillés, des déportés, des torturés. Communistes, gaullistes, socialistes, radicaux et même royalistes. Ce qu’ils étaient hier, ils ne se le demandaient plus. Ce qu’ils voulaient être, c’est être tous compagnons de la même Libération.
Pierre Brossolette, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay ne sont pas seuls à se distinguer par l’héroïsme de leurs actes ou la force de leurs exploits. D’autres auraient pu être accueillis ici pour leur dévouement et pour leur bravoure. S’ils sont là, ce n’est pas parce qu’ils sont différents de tous leurs camarades, c’est parce qu’ils symbolisent dans le même ensemble la constance, l’engagement et le courage. »
Vous êtes accompagnés
« L’histoire, la nôtre, l’histoire de France, nous élève. Elle nous unit quand elle devient mémoire partagée. L’histoire, elle nous montre la grandeur des femmes et des hommes qui l’ont faite. Elle nous montre aussi ce que sont nos forces et ce que peuvent être nos faiblesses. L’histoire, elle nous donne bien plus qu’un héritage à célébrer, bien davantage qu’un patrimoine à entretenir. L’histoire nous transmet l’éminente responsabilité d’être à la hauteur, à la hauteur du passé, à la hauteur des défis d’aujourd’hui et de demain.
En sachant que l’histoire n’est pas une nostalgie, l’histoire, elle est ce que nous en ferons. L’histoire, elle est notre avenir.
La France vient de loin. La France porte au loin. La France doit voir loin. Ces quatre grandes figures aimaient plus que tout la France et en l’aimant, en l’aimant si chèrement, ils servaient l’humanité tout entière. Chacune, chacun dans sa singularité a cherché au fond de lui-même ou d’elle-même ce qu’il avait de meilleur à donner et c’est pourquoi tous les quatre, ces deux femmes, ces deux hommes, ont valeur d’exemple.
Il nous appartient de les suivre, non pas de répéter ou de reproduire – les circonstances ont changé – mais de poursuivre et d’inventer. La République n’est pas figée. Ce n’est pas un corset dont il faudrait régulièrement recoudre les boutons. La République, c’est un mouvement, c’est une construction, c’est une passion, une passion généreuse, une passion rationnelle, une passion rassembleuse, avec toujours, toujours le refus de la fatalité. Ne pas plier, ne pas se replier, espérer et lutter. Tel est l’esprit inextinguible, inépuisable de la Résistance, de l’esprit de résistance.
Pierre Brossolette, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay, prenez place.
Vous êtes accompagnés par le long cortège des jeunes qui vibrent à l’idée de prendre la relève de la France combattante. Vous êtes accompagnés par les femmes qui savent, à votre exemple, qu’aucune porte ne peut plus leur être fermée. Vous êtes suivis par les déshérités qui entrent grâce à vous dans la lumière. Vous êtes auréolés du respect des peuples du monde qui, comme le 11 janvier, partagent avec le nôtre le même amour de la liberté.
Pierre Brossolette, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay, prenez place ici, c’est la vôtre.
Vive la République et vive la France ! »