Le mois de mai en France résonne dans l’histoire de la gauche. Ce mardi 3 mai tout particulièrement puisque nous fêtons les 80 ans de l’accession au pouvoir du front populaire. L’actualité, chaque jour en Europe, questionne la gauche là où elle gouverne. J’étais ce matin à un colloque organisé par la Fondation Jean Jaurès, la Fondation Européenne d’Etudes Progressistes et Terra Nova pour éclairer le présent à la lecture de ce qui s’est passé hier et de ce qui se passe ailleurs. L’événement s’est divisé en deux parties.
Des tables rondes ont eu lieu où Thierry Pech, Alain Bergounioux, Anne-Laure Ollivier, Jean-Noël Jeanneney, Massimo D’Alema, Ania Skrzypek, Marc Lazar, Ernst Hillebrand, Christophe Sente et Gilles Finchelstein ont livré leurs analyses sur plusieurs grandes questions qui se posent à la gauche lorsqu’elle gouverne. Que nous apprend l’analyse historique sur les débats qui ont traversé la gauche lorsqu’elle a exercé le pouvoir et sur les leçons qu’elle en a tirées ? Que nous apporte l’analyse comparative sur les alliances politiques qui sont nouées et les politiques publiques qui sont conduites là où, aujourd’hui en Europe, les sociaux-démocrates gouvernent ? Comment s’inscrit, dans cette perspective historique et comparative, l’action engagée en France depuis 2012 ?
Une conclusion a été faite par François Hollande qui a apporté à la réflexion son expérience de président de la République mais qui s’est surtout plié à un difficile exercice, celui de dresser le bilan de son action. Sur ce sujet je ferai un billet spécifique et détaillé ce vendredi 6 mai à l’occasion de l’anniversaire de son élection en 2012. Vous pouvez retrouver l’intégralité du discours de ce matin sur le site internet de l’Elysée mais je voulais m’y attarder pour vous donner mon impression. J’entends souvent que « François Hollande serait au fond du trou » mais je ne peux pas le croire au regard ce que j’ai vu aujourd’hui : un président de la République combattif et offensif !
"Avançons sans regret, sans calcul, sans répit, sans savoir quelle récompense nous sera réservée." @fhollande #DirectPR
— Yann Chaillou (@yannchaillou) May 3, 2016
D’abord parce qu’il n’a pas peur de défendre ce qu’il a fait. Il a énuméré les nouveaux droits ouverts sous son mandat qui constituent beaucoup d’avancées sociales réalisées sous son mandat (mariage pour les couples de même sexe, fin de vie digne et apaisée, oubli pour les personnes atteintes d’une maladie grave, protection des données personnelles sur Internet, IVG entièrement anonyme et gratuit, actions de groupe pour dénoncer les discriminations, etc.). Il a répondu aux attaques qui lui sont faites en rappelant que la réforme fiscale était en cours et que la lutte contre le monde de la finance avait bien eu lieu avec la séparation des activités bancaires, la lutte contre la fraude fiscale, etc. Il a également souligné que les indicateurs économiques allaient mieux même si beaucoup d’efforts restaient à fournir, notamment sur le front du chômage.
Ensuite parce qu’il semble plus que jamais déterminé à transformer la société. Lors des tables rondes Massimo D’Alema, ancien président du Conseil Italien et actuellement président de la Fondation Européenne d’Etudes Progressistes, informait le public que le taux d’inégalité en Europe est désormais au même niveau qu’au début du 20ème siècle, ce qui signifie que le recul des inégalité du « siècle social-démocrate » a totalement été effacé. Si la France a fait reculé les inégalités l’année dernière, le travail n’est pas terminé. Et c’est dans cet esprit que François Hollande a longuement évoqué le compromis qu’il considère non pas comme un médiocre point moyen mais comme une volonté de suivre son cap avec solidité, de convaincre avec sincérité. Le compromis c’est le moyen de rendre durable le changement ! Et si ce changement s’effectue en France il se fait également sur la scène internationale où nous pouvons saluer le succès de la COP21 et être fiers de la France.