En une semaine, outre l’acte courageux d’Emmanuel Macron de reconnaître la responsabilité de l’État dans la mort de Maurice Audin, torturé et tué en 1957 durant la guerre d’Algérie, plusieurs grandes annonces gouvernementales me rendent particulièrement fier d’être un social-démocrate au sein de la majorité présidentielle.
Le Plan pauvreté a été annoncé jeudi dernier, le 13 septembre, à l’Élysée. Le constat est sans appel : il y a 8,8 millions de personnes pauvres en France et une forte reproduction de la pauvreté (20,7% de chômage chez les jeunes, 60.000 mineurs sans solution, etc.). Les réponses sont nombreuses, certaines m’ont particulièrement marqué :
- Des tarifs de cantines accessibles à toutes les familles dans les petites communes fragiles, ce qui n’est pas sans rappeler la proposition de loi déposée par plusieurs députés de la majorité visant à inciter les collectivités territoriales à moduler la tarification de la restauration scolaire, notamment pour assurer la gratuité des repas pour les élèves appartenant à des familles vivant sous le seuil de pauvreté.
- Une obligation de formation jusqu’à 18 ans pour assurer à tous les jeunes des compétences et mieux maîtriser leur destin, proposition que j’avais déjà soutenu auprès des jeunes socialistes en 2013 mais aussi en 2016.
- L’extension de la Garantie jeunes, instaurée par François Hollande, avec 500000 bénéficiaires entre 2018 et 2022. Concrètement il s’agit de garantir 464€ de revenus par mois pour les jeunes de moins de 26 ans sans emploi ni qualification qui s’engagent à suivre une formation ou des stages.
- Un revenu universel d’activité, qui devrait voir le jour à l’issue d’une concertation pour établir un nouveau système de minima sociaux pour rendre notre modèle plus lisible, plus équitable et plus incitatif à la reprise d’activité avec une juste prestation réactive, calculée sur la base des revenus les plus récents. Si je crois que de parler de « revenu universel » est un abus de langage, je suis néanmoins totalement en accord avec ce projet. Il ressemble d’ailleurs fortement à la proposition de revenu minimum décent portée par Manuel Valls lors des primaires citoyennes de janvier 2017. Il faut tendre vers l’automatisation des aides pour éviter le non-recours, encore trop important.
Ce plan est construit autour de mesures incontestablement ambitieuses. Il faudra évidemment être vigilant quant à la mise en oeuvre, mais ceux qui critiquent aujourd’hui le financement oublient qu’ils se sont souvent battus pour un grand nombre des mesures présentées. Je vois bien qu’il est peu question de logement, d’illettrisme (facteur aggravant la pauvreté) ou encore de solutions spécifiques pour nos aînés en difficulté, mais rarement autant de moyens ont été débloqués d’un seul coup pour lutter contre la pauvreté. Ne l’oublions pas.
Le Plan vélo a été dévoilé, après une longue attente, vendredi 14 septembre par le Premier ministre et le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy. Là aussi le constat est sans appel : le vélo c’est 10% des déplacements en Allemagne et 28% aux Pays-Bas contre seulement 3% en France. Il existe plusieurs freins à l’usage du vélo, à commencer par l’insuffisance et les discontinuités des aménagements cyclables sécurisés. Ce qu’il se passe avec le pont George V à Orléans est symptomatique.
Grâce au plan vélo, un fonds national doté de 350 millions d’euros va être créé afin de soutenir, accélérer et amplifier les projets de création d’axes cyclables structurants dans les collectivités. Le marquage des cycles va être généralisé pour pouvoir lutter plus efficacement contre le vol, le recel et la revente illicite. Faire du vélo doit rester une mobilité au moindre coût. Par ailleurs, une hausse du nombre de stationnements sécurisés pour les vélos est prévue autour des gares ainsi que lors de la construction neuve d’immeubles de bureau ou d’habitation. Enfin une forte incitation financière à la pratique du vélo va être mise en place. Cette incitation passe par la création d’un forfait mobilité durable (tous les employeurs privés et publics pourront contribuer au frais de déplacement domicile-travail à vélo de leurs salariés sur une base forfaitaire jusqu’à 400 euros par an en franchise d’impôt et de cotisations sociales, l’État généralisera la mise en place du forfait pour ses agents d’ici 2020 à hauteur de 200 euros par an). L’incitation passe aussi par l’introduction du vélo dans le barème kilométrique fiscal qui sert à rembourser les frais de déplacements des salariés effectués à titre professionnel avec un véhicule personnel.
De nombreuses autres mesures constituent le plan vélo, mais je crois que celles que j’ai pu exposer ici démontrent le caractère exceptionnel de la politique engagée en la matière.
Le Plan santé a lui été présenté avant-hier, mardi 18 septembre. La députée du Loiret Stéphanie Rist y a fortement contribué. La principale mesure a été très médiatisée, il s’agit de la suppression du Numerus clausus et de le refonte des premiers cycles des études en santé autour de processus d’orientation progressifs encourageant les passerelles et la diversification des profils. C’est une proposition portée de longue date par la gauche, mais c’est surtout une proposition qui vise à mettre un terme à des blocages d’un autre temps dans le monde de la santé.