À la lecture de La République du Centre hier matin, j’étais particulièrement choqué du manque d’humanisme d’Olivier Geffroy, adjoint au maire d’Orléans chargé de la sécurité, concernant la situation des migrants à Orléans. Si je ne suis pas vraiment étonné car il n’avait pas su choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors du second tour de la présidentielle, je pense qu’il fait également preuve d’un manque de réalisme sur le sujet.
Quelle est la situation ? Une trentaine de migrants et de personnes sans domicile fixe s’est installée au début de l’été sous le porche de la rue du Cloître Saint-Paul. Olivier Geffroy n’imagine pas une autre issue que le démantèlement de ce campement de fortune. Là dessus, nous sommes d’accord. Mais il ajoute ne pas savoir pourquoi ces migrants arrivent ici et s’étonne de voir principalement des gens d’une seule nationalité, supposant alors un réseau de filières organisées que l’État devrait démanteler. Ni plus, ni moins.
Quelles sont les solutions ? Pour réfléchir à une solution efficace, il faut, je crois, regarder la situation sous un prisme différent que celui que nous propose Olivier Geffroy. D’abord il faut une vision empreinte d’humanisme. Ces personnes sont à la rue depuis plusieurs mois, dans des conditions de vie indécentes, sans le confort de l’hygiène et de l’alimentation quotidienne. Une grande puissance mondiale peut offrir mieux. Commençons par saluer le travail des bénévoles, associatifs ou non, issus de tous les horizons, qui sont à leurs côtés. Il faut ensuite une vision globale, car tout se tient. Une telle situation ne mérite pas des suppositions, elle mérite de l’information vérifiée, et un traitement au cas par cas. Olivier Geffroy est-il allé discuter avec ces personnes, de leur parcours de vie, de ce qu’ils fuient ou de ce qu’ils recherchent ? Ne croyons pas que ces personnes demandent l’assistance ad vitam æternam. Ils ont besoin, à un moment donné précis, de soins, d’être logés puis d’être accompagnés à la fois concernant leurs démarches auprès de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, et concernant leur intégration professionnelle. Ni plus, ni moins.
Yves Bodard a eu la gentillesse et l’amitié de me transmettre les projets qu’il a déjà communiqué à de nombreux élus pour lutter contre toutes les formes de précarité. Ils méritent qu’on s’y attarde. Les centres de premier accueil inconditionnel et d’hébergement provisoire dans les villes moyennes, la réquisition des campings pour la période hivernale et la suppression des arrêtés anti-bivouac qu’il propose sont des pistes sérieuses et sans dogmatisme.
L’hiver arrive à grands pas. Gageons que la majorité municipale, que le maire d’Orléans, et que la préfecture, agissent enfin ! À Nantes, alors que 700 migrants campaient depuis début juin square Daviais et que la municipalité et l’État se renvoyaient la balle, une solution a pu enfin être trouvée cette semaine car la municipalité a pris ses responsabilités en « pariant » sur une réaction de l’État. Les proportions sont moindres à Orléans, mais les réponses ne doivent plus trainer, d’autant qu’il y a des femmes et des enfants.