Annoncé en fin d’année par le Gouvernement, le grand débat national débute demain et durera deux mois jusqu’au 15 mars. Certains cherchent à y voir un calcul politique permettant de « gagner du temps ». Tout me pousse dans mon histoire personnelle à partager un certain nombre de revendications des gilets jaunes. Comment ne pas s’indigner quand on sait que 82% des richesses créées dans le monde en 2017 n’ont profité qu’aux 1% les plus riches ? Les inégalités ne peuvent produire que la précarité, et la précarité n’entrainer que le manque de dignité. On sent bien que certains manifestants en ont « gros sur le cœur ». Mais pour ma part j’ose croire en la démocratie et que chaque crise puisse donc trouver une porte de sortie dans le dialogue, l’échange et la co-construction des politiques publiques. Rien ne peut se résoudre par la violence que l’on a vue s’exacerber. Rien ne sert de s’opposer les uns aux autres. Et surtout, rien ne justifie que l’on s’en prenne aux symboles de la République.
Le président de la République a souhaité écrire aux français-es pour poser un certain nombre de questions ouvertes et exprimer sa volonté de concrétiser rapidement en actes les propositions qui seront portées dans ce grand débat national. Cette lettre, quoiqu’un peu longue, a le mérite de l’engager. Après le débat il devra faire.
Je vois dans la démarche engagée une occasion de sortir de la crise, tous ensemble, par le haut, avec, espérons-le, des idées nouvelles qui puissent faire avancer la France. Il faut donc saisir la main tendue. Je crois aux débats larges. Rassembler des personnes d’horizons différents, c’est permettre une certaine représentativité. Je l’ai dit, je participerai à ce débat. Je souhaite y porter quelques propositions qui me semblent importantes…
Je crois tout d’abord qu’il est essentiel de remettre à plat le système fiscal autour de principes forts :
- La nécessité de faire en sorte que 100% des français-es payent un impôt personnel et progressif (seuls 43% des foyers fiscaux se sont acquitté de l’impôt sur le revenu en 2017) s’appuyant sur de nombreuses tranches dont les premières pourraient correspondre à un taux symbolique de participation à l’effort national et les dernières à un taux équivalent à l’ISF avant sa suppression.
- La baisse des impôts proportionnels, notamment de la TVA (sauf sur les produits de luxe).
- L’intensification de la lutte contre la fraude, l’évitement et l’évasion fiscale, notamment des géants du web.
- L’harmonisation avec les autres systèmes européens.
Je milite ensuite depuis longtemps pour la fusion des communes dans les métropoles urbaines afin de rendre celles-ci plus puissantes, plus cohérentes et plus efficaces dans leurs politiques publiques. En parallèle il convient d’y supprimer les Départements. Tout cela, à mon avis, n’est pas contradictoire avec la proximité essentielle entre les citoyens et les collectivités locales puisque, au contraire, elles gagneront plus de lisibilité dans leurs actions.
Concernant la transition écologique, je pense que nous devons faire davantage primer le bon sens. Au-delà du débat énergétique, qui devra notamment aborder la logique d’installation des éoliennes toujours dans les mêmes territoires ruraux, pourquoi ne pas encourager les collectivités à repenser les transports en commun en libre accès ? pourquoi ne pas généraliser aux professionnels et aux particuliers la consigne du verre ?
Enfin, sur les institutions et la citoyenneté, je suis pour un grand chambardement !
- Je suis pour l’instauration d’un nouveau mode de scrutin, s’inspirant du vote alternatif ou du jugement majoritaire (inventé par deux chercheurs français du CNRS !), et d’un mandat impératif ou semi-impératif lorsqu’il y a un certain nombre de votes blancs. Je ne crois pas à la reconnaissance du vote blanc ou au vote obligatoire, qui sont, selon moi, des réponses trop faciles à l’abstentionnisme électoral. En outre, je pense que l’on doit réfléchir à l’organisation rassemblée des élections locales et des élections nationales, et à des jours fixes.
- Je suis pour une proportionnelle intégrale en ce qui concerne l’élection des députés, c’est-à-dire une proportionnelle mise en place sur l’ensemble du territoire à l’aide de listes départementales ou régionales, mais avec un garde-fou : la liste qui arrive en tête obtient un quart des sièges avant la répartition proportionnelle avec les autres listes. Je pense qu’un tel système, en plus d’accroître la représentativité de l’Assemblée nationale, permettrait de favoriser la logique de coalition parlementaire que je défends depuis longtemps. Pour autant, je reste très attaché à la Ve République et à sa stabilité institutionnelle. Aussi, je crois qu’il serait bon de ne pas trop appeler au démantèlement du bicamérisme. Le Sénat a son importance dans notre démocratie et sait jouer son rôle de contre-pouvoir quand il le faut. En revanche, nous pouvons aisément imaginer la suppression du poste de Premier ministre au profit d’un-e vice-président-e chargé-e de représenter quotidiennement le président au Parlement. Je crois qu’il est temps d’en finir avec le fusible de la République…
- Je suis davantage pour qu’on engage la fin du cumul des mandats dans le temps, pour les parlementaires comme pour les élus dans les exécutifs locaux, plutôt que pour une diminution du nombre d’élus. La démocratie représentative fonctionne quand les élus représentent l’ensemble des français-es, pas quand il y en a de moins en moins. Il faut aussi un vrai statut qui permette à chacun d’être élu sans avoir peur de ne pas retrouver de travail après son expérience citoyenne, et qui permette donc d’éviter la professionnalisation de la politique.
- Je suis pour une réforme du Conseil Économique, Social et Environnemental : supprimons l’indemnisation de ses membres, ils doivent être bénévoles ; modifions la désignation des membres pour qu’ils soient représentatifs de tous les territoires et de tous les citoyens ; donnons-lui un droit d’amendement sur les textes de loi afin d’en enrichir les contenus avec un avis citoyen ; et fusionnons le avec les équipes techniques de France Stratégie pour lui donner un vrai rôle de prospective. Cette réforme du CESE pourrait aussi se transcrire aux CESER, dans les régions.