Gervais Loembé, délégué du Préfet du Loiret en charge des quartiers de La Source, Les Blossières, Saint-Marceau à Orléans, et du Pithiverais, citoyen engagé au Lions Club ou encore à l’association AESCO (Aide à l’équipement scolaire et culturel), est intervenu devant le think-tank pour répondre à la question « Vivre Orléans au quotidien : comment améliorer notre qualité de vie ? » et exposer sa vision du logement dans la ville.

Il a construit son intervention en plusieurs point suite à une brève introduction dans laquelle il a indiqué être « un acteur privilégie de la ville » et avoir la chance de voir la ville évoluer.

Point historique

En se sédentarisant l’Homme a décidé de se fixer et a donc construit des maisons (en branche, en glace, en terre battue). Très vite dans l’histoire de l’humanité est apparue l’obligation de vivre ensemble.

Pendant la seconde guerre mondiale, la ville d’Orléans a été impactée par les bombardements. Pour reconstruire la France, il a fallu faire venir des étrangers qu’il a ensuite fallu loger. Des banlieues (« à l’extérieur des bancs ») ont été ainsi créées. On a créé des cités – critiquées aujourd’hui, mais ça partait d’une bonne intention – à l’extérieur des villes. Il y avait ceci dit un certain confort : alors que certains ont connu les douches publiques (à Paris notamment), chaque appartement dans les cités étaient dotés de douches individuelles.

À l’époque, la question du logement a été résolue mais d’autres problèmes se sont ensuite ajoutés : transports, éducation, délinquance, etc. Et Orléans est à l’image de ce qui se passe en France.

Point sur « les problèmes de banlieues »

Notre société est imprégnée des problèmes de logement. L’expression « Dis-moi où tu habites, je te dirais qui tu es » n’a jamais été aussi vérifiée qu’à notre époque. Il est donc nécessaire de se pencher sur la problématique de manière transversale.

François Mitterrand a lancé un Ministère de la Ville qui aurait pu plutôt être le Ministère de la Cité pour être plus exact. La politique de la Ville s’est concrétisé par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Cela a consisté à dire qu’on avait fait des erreurs d’aménagement, qu’on aurait pas dû urbaniser comme cela, etc.

Un nouveau programme de rénovation urbaine a été lancé et depuis 2014 c’est le Commissariat général à l’égalité du territoire qui coordonne la politique de la ville. L’ANRU 2 a permis une montée en puissance des pouvoirs publics (État et collectivités) et des bailleurs pour améliorer les choses. Aujourd’hui le quartier de La Source a été rénové à environ 80%. Il y a moins d’affrontements qu’auparavant, et il faut tout de même noter que dès la construction de la dalle il y a eu des problèmes. La résidentialisation a notamment permis de résoudre des problèmes de sécurité. D’autres problèmes subsistent néanmoins, à commencer par l’emploi. Si la tendance nationale est d’avoir dans les quartiers populaires un taux de chômage moitié plus élevé que la moyenne en France, le taux à La Source s’élève à 42% et un peu moins aux Blossières… Ceux qui ont la chance de survoler La Source peuvent constater que c’est un beau quartier, très vert. Ce sont d’ailleurs les gens qui sont de l’extérieur qui voient de manière plus positive le quartier que ceux qui y vivent.

Point sur l’importance de la sociologie

Le thème du logement permet de saisir la sociologie. Il faut connaître ce que veulent les gens, comment ils vivent. Un agriculteur dans un appartement deviendra fou à l’instar d’un citadin dans un grand champs. Il faut aussi savoir quelle est la configuration des familles. Quand il y a une fratrie de 12 enfants, ce n’est certes pas courant en France mais ça a un vrai impact sur le logement. Il faut d’ailleurs noter que l’Hôpital de La Source est dans le top 3 des maternités en France pour le nombre de naissance.

Il est important de toujours voir avec l’habitant comment résoudre les problèmes qu’ils rencontrent. Malheureusement tous les bailleurs ne fonctionnent pas sur cette idée.

Point sur les cas de grandes difficultés

En France il existe le droit au logement opposable (DALO). Concrètement une commission est chargée dans chaque département de trouver des solutions, en suivant un ordre de priorité. En 10 jours des solutions pérennes peuvent être trouvées.

Il faut également savoir que chez les bailleurs il y a de la vacation, c’est-à-dire des logements vides. On considère qu’il y en a environ 25% à La Source.

Questions-réponses

Suite à son intervention, Gervais s’est prêté à un jeu de questions-réponses avec les participants :

  • Sur le rôle du délégué du Préfet
    Le travail consiste à rendre corps, à faciliter les pouvoirs publics à mettre en œuvre la politique de la Ville. C’est un travail qui demande beaucoup d’écoute bienveillante. Il faut pouvoir parler à tout le monde, sans préjugé.
  • Sur les bailleurs
    Ici il existe les Résidences de l’Orléanais, 3F, Pierre et Lumière, SNI. Ce sont à eux de bien connaître leurs parcs immobiliers, qui sont de niveaux très différents. Mais il faut aussi encourager les locataires à entretenir leurs logements.
  • Sur la dalle à La Source
    C’est une copropriété mais l’État a aussi décidé de s’impliquer sur cet espace. La T17 ( qui a en fait 18 étages) est le bâtiment le plus haut de La Source, ceux qui y viennent sont ceux qui ne peuvent généralement pas aller ailleurs. La T13 a elle été résidentialisée et il y a plusieurs caméras. Les habitants sont impliqués pour faire bouger les choses sur cet espace. Plus globalement à La Source, quant les gardiens sont partis il y a eu tout un tas de problèmes…
  • Sur le Plan Banlieue et la loi ELAN
    Cela va dans le bon sens, mais ce n’est jamais suffisant. Il faut préférer l’équité à l’égalité. Il faut laisser du temps aux choses de se faire. Rien ne vient de rien. Il y a toujours une origine aux choses. La déclassification du logement est du ressort du Préfet, ça se fait déjà mais pourquoi pas repréciser les choses dans la loi. L’imprécision n’est pas forcément une mauvaise chose car cela permet une flexibilité, une application différenciée en fonction du territoire (pour laisser une place à tout le monde sans contrevenir à la loi), mais en restant équitable.

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