Le Planning Familial du Loiret co-organisait hier soir, avec l’Association départementale de parents et d’amis des personnes handicapées mentales, et l’Association pour la promotion des handicapés dans le Loiret, un débat sur la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap mental. L’objectif était, notamment, de favoriser les échanges avec le grand public sur ce sujet, malheureusement, tabou. Le débat était précédé de la projection du film Gabrielle !
Ce film c’est l’histoire de Martin, jeune canadien, qui « tombe en amour » de Gabrielle. Une histoire banale jusque là sauf que Martin et Gabrielle sont tous les deux déficients intellectuels et côtoient le même établissement médico-social.
La réalisatrice, Louise Archambault, qu’il faut féliciter pour les prix qu’elle a obtenu aux festivals d’Angoulême, de Lorcarno et de Toronto, réussit parfaitement dans la première partie du film à nous intégrer dans ce cocon où la vie semble tellement plus simple. Puis vient la scène du premier baiser, où les sentiments sont si forts que Gabrielle et Martin veulent vivre leur « première fois »… Devant les responsables de l’établissement, la sœur de Gabrielle est heureuse tandis que la mère de Martin refuse de croire possible un amour entre deux personnes en situation de handicap mental. Alors âgé de 25 ans et n’ayant jamais eu de relation sexuelle, Martin se voit éloigné, de force, de Gabrielle. Les critiques que j’ai pu entendre, et lire, font toutes ressortir la même chose : c’est un amour qui doit vivre face aux regards et aux jugements des autres. Mais finalement, n’est-ce pas le cas pour tous les amours ? N’est-ce pas plutôt la différence, de manière globale, qui est rejetée plutôt que l’amour ?
Parce que je vous recommande vraiment de regarder ce film, je ne vous dirai évidemment pas comment se termine l’intrigue. D’ailleurs ce n’est, selon moi, ni une histoire qui se termine mal, ni une histoire qui se termine bien (c’est souvent la question que l’on se pose sur la fin des films) ! Par contre je voulais aussi vous parler d’une histoire parallèle, qui est finalement encore plus prenante que l’histoire d’amour en elle-même. Gabrielle et Martin appartiennent à un petit groupe de chorale qui prépare un spectacle avec Robert Charlebois. Ils chantent, durant une bonne partie du film, quelques paroles du morceau Un gars bien ordinaire. Mais lorsque l’artiste québécois vient en personne assister à la répétition, la réalisatrice nous offre l’ensemble des paroles. Les deux derniers couplets nous donnent une bonne claque : ce que nous croyons comme un cocon pour Gabrielle et Martin en est-il vraiment un ?! Ne serait-ce pas une prison où la vie n’a aucun sens, aucune direction ? Les voici :
Si je chante c’est pour qu’on m’entende
Quand je crie c’est pour me défendre
J’aimerais bien me faire comprendre
Je voudrais faire le tour de la terre
Avant de mourir et qu’on m’enterre
Voir de quoi le reste du monde a l’air
Autour de moi il y a la guerre
Le peur, la faim et la misère
Je voudrais qu’on soit tous des frères
C’est pour ça qu’on est sur la terre
Chus pas un chanteur populaire
Je suis rien qu’un gars ben ordinaire
Bref, vous l’aurez compris : j’ai passé une très bonne soirée hier au cinéma des Carmes. N’hésitez pas à donner votre avis sur le film en commentaire, si vous aussi vous l’avez vu par exemple car il y aurait évidemment encore beaucoup de choses à dire.