Jeudi 23 juin, les britanniques ont voté, comme les grecs l’avaient fait il y a maintenant un an. Le résultat est cette fois différent et il fait mal à la construction européenne. Il fait mal aux générations qui croient en l’Europe parce qu’elle promeut aujourd’hui la paix, l’amour et la vie, quand, dans le passé, elle en a tant détruit. Il fait mal à ceux qui croient au sens collectif parce qu’on est plus puissants à plusieurs que chacun dans son coin. Ce vote fait mal mais il débouche sur la même conséquence qu’il y a un an : il ne faut plus se demander comment tenir mais comment se réinventer.
Il est difficile d’y voir très clair à l’heure actuelle sur les détails de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, même si je soutiens la position française portée par le président de la République : être clair et aller vite. C’est à la fois le meilleur moyen de mettre en œuvre ce qu’a décidé le peuple anglais et d’être rapidement à pied d’œuvre pour repenser le modèle d’intégration européen.
C’est au fond le problème qui est posé partout, en Grèce il y a an comme au Royaume-Uni aujourd’hui : comment assurer l’équité entre les pays qui intègrent l’Union Européenne ? La construction se fait à la carte et à plusieurs vitesses. Est-ce acceptable que les pays approuvant plus ou moins le projet européen, quelles que soient les raisons, peuvent négocier des statuts différents ? Est-ce encore possible de multiplier les strates de prise de décisions avec un Parlement européen sans réelle possibilité d’initiative ? Est-ce utile d’avoir plusieurs calques de construction différents entre espace Schengen, marché intérieur et Union Européenne ?
Je crois que non et c’est pour toutes ces raisons que le Royaume-Uni doit être un exemple. Il faut convaincre les pays du continent qui en douteraient, que le projet européen est plus fort que les « aventures individuelles » même s’il faut sérieusement l’améliorer. Il faut montrer au reste du monde que l’Union Européenne reste forte. C’est un impératif diplomatique !