Dans le cadre de la concertation qui s’annonce dans notre région sur la refondation de l’École de la République, Guillaume Thomas, Ninon Legrand, Thomas Bonnet, Eloise Tarrisson, Lina Cheqrouni et moi-même avons co-signé une lettre pour Vincent Peillon :

Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale,

Les jeunes savent que votre action, celle du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et plus largement celle du président de la République est scrutée par des français impatients, et épuisés par une crise qui, malheureusement, ne s’arrête pas aux portes de nos écoles. Ils savent aussi que l’action de la France est scrutée à travers l’Europe et le Monde. Dans le Loiret, comme partout ailleurs, les jeunes que nous représentons veulent participer au redressement de la France, guidés par l’envie d’une République exemplaire.

Des réformes sans lendemain dans le système scolaire ont ponctué l’activité politique des cinq dernières années. Le 6 mai dernier a légitimé un changement de cap en faveur de la refondation de l’École. C’est un enjeu bien plus conséquent de donner de nouveaux fondements à l’École plutôt que ne lui donner que de nouvelles formes. Une lutte ardente contre le décrochage va conduire en partie une priorité nationale : « faire en sorte que les jeunes vivent mieux en 2017 qu’en 2012 » !

Faire réussir l’élève c’est lui permettre d’accomplir son but. Combien de professeurs désemparés, combien d’administrations découragées et combien de familles déconcertées par l’échec, l’absentéisme et le décrochage scolaire ? Ce problème ne devrait pas être traité de manière unilatérale car ses déclencheurs sont multiples : difficultés à s’adapter aux rythmes de l’École, absence de dynamisme culturel, associatif et sportif, mauvaise orientation, inefficacité des pédagogies, insécurité, insalubrité, etc.

Les pratiques pédagogiques doivent être renouvelées pour que la classe soit perçue comme un groupe dynamique visant à la compréhension du programme, et non comme un rapport de pouvoir entre l’enseignant et ses élèves. L’estrade dans la salle de classe est un frein au dynamisme d’un cours, mais la disposition des tables séparant les échanges entre les élèves en est aussi un. La qualité de l’enseignement public passe également par un accompagnement individualisé, un accompagnement de fond et non de forme, qui n’est possible que par la réduction des effectifs dans chaque classe.

Partout l’intérêt général vise à vivre mieux tous ensemble cependant, nul part à l’École, la culture, le sport et même le monde associatif sont valorisés. Une réduction des vacances est envisageable dans un esprit de préparation à la vie active et citoyenne. Ainsi un allègement des rythmes scolaires sur la journée, en faveur de la fin des cours après le déjeuner, permettrait aux élèves de s’engager pleinement dans la vie culturelle, sportive ou associative. Cela contribuerait au combat contre l’épuisement des élèves et à la lutte pour le dépassement de soi. L’investissement ne nécessite pas forcément notation, ne confondons plus notation avec valorisation et évaluation.

L’orientation devrait permettre aux élèves de sécuriser leur parcours scolaire, or elle est vécue comme une soumission aux volontés des équipes pédagogiques. Elle devrait donc se préparer longuement en harmonie avec leurs envies et leurs passions. Il y a urgence car l’orientation, lorsqu’elle est réfléchie, est vecteur d’épanouissement. Mais lorsqu’elle conduit à la perte des repères, elle entraîne les pires vicissitudes : violences, discriminations, consommation de stupéfiants. La sécurité doit donc régner sans que la liberté ne cesse de nous guider.

L’École ne semble plus former un barrage solide et durable contre les inégalités sociales. C’est un enjeu important du quinquennat qui débute car l’égalité des chances face à l’éducation n’est pas toujours flagrante entre les élèves, entre les établissements eux-mêmes ! Ces inégalités ne font que renforcer le besoin d’une harmonisation nationale des politiques d’éducation. En effet l’élève en zone rural a les mêmes problématiques que l’élève en zone urbaine. Chaque élève peut donc être soucieux de l’exemplarité, du rayonnement, du système scolaire auquel il appartient à condition que ce dernier puisse garantir l’égalité et la fraternité. En avant vers une École citoyenne !