Hier, dans le cadre du débat des résolutions pour le 11e congrès du Mouvement des Jeunes Socialistes, un texte sur l’audiovisuel a été adopté à l’unanimité des sensibilités de l’organisation. Je souhaite mettre un coup de projecteur sur ce dernier, car il est issue de la motion 2 que je défendais, et a été écrit dans le Loiret !

Logo du 11ème congrès du Mouvement des Jeunes Socialistes

En France pour parler de Culture il faut parler de l’exception culturelle française. Cette capacité française à soutenir le secteur de la création artistique doit se décliner dans l’audiovisuel public. Mais ce service public de l’audiovisuel est en danger car les recettes publicitaires diminuent alors que les coûts de productions pour les différents programmes augmentent, à l’inverse, fortement, d’autant plus avec la diversité des programmes. Reste les impôts comme source de survie mais cette option n’est pas envisageable tant l’effort des français à redresser le pays est déjà fort.

Pour sauver l’audiovisuel public, dont l’horizon est très opaque, tout dépend donc de la volonté politique. Nous devons permettre de le faire évoluer vers plus de qualitatif sans négliger pour autant son audience. L’équation est complexe : doit-on privilégier des programmes « très populaires », ou des programmes souvent qualifiés « d’élitistes » ?

Relancer le chantier de la télévision et de la radio publique

La télévision et la radio publique sont loin d’être parfaites. La diversité des chaînes ou stations permettent de toucher différentes catégories d’âges sur plusieurs échelles géographiques mais oblige à une répartition financière délicate qui se traduit souvent par une certaine inégalité de traitement. A titre d’exemple, les effectifs pour France 3 s’élèvent à plus de 5000 permanents ou intermittents alors que pour France 4, ils ne dépassent pas 30.

Malgré une chute depuis 10 ans de plus de 10 points dans les parts d’audiences pour le groupe France Télévisions notre service public de l’audiovisuel doit continuer d’exister car il ne répond pas aux lois du profit mais à celles de la liberté. C’est pourquoi il est important de restructurer ce parc public pour améliorer sa qualité de programmes et sa situation financière afin d’éviter ce qui s’est passé en Grèce où les chaînes de télévision publique ont arrêté d’émettre pour des raisons budgétaires.

Ainsi nous devons réaffirmer nos préférences pour la valorisation de tous les sports (notamment le sport féminin et le handisport), pour la médiatisation des actions caritatives face aux concours de beauté, pour la démocratisation du théâtre contemporain, pour une information plutôt qu’une manipulation. Cette liberté et ces préférences permettront d’assurer un lien avec les français dans la programmation et de proposer des initiatives européennes, c’est le projet que nous voulons porter. En outre une enquête doit être réalisée afin de connaître les attentes des citoyens sur la télévision et la radio pour construire les grilles de programmes avec eux.

Du point de vue financier, l’horizon de la télévision et de la radio publique tend nécessairement vers l’équilibre : la réduction du déficit public l’oblige. Aujourd’hui la direction de France Télévisions semble vouloir renouer avec la tradition des licenciements en proposant un plan de départs volontaires. Ce n’est pas la seule solution pour réduire les dépenses, d’autant plus que l’effectif global du groupe varie constamment : 8665 salariés en 2008 contre 11400 en 2005 et 11000 en 2011. Il faut donc commencer par geler durablement et dès maintenant le nombre de postes, tout en réduisant la proportion trop importante des postes de direction. Se concentrer sur l’augmentation des recettes et non sur la diminution des dépenses pourrait diminuer les conflits humains.

La mutualisation des moyens techniques et humains, notamment des différents services qui ont des champs de compétences identiques (régie publicitaire, production cinématographique, etc.), est aussi à approfondir par le biais de nouveaux partenariats. C’est une solution efficace pour diminuer les coûts de productions.

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel au cœur de l’honnêteté médiatique

La récente loi sur la nomination des présidents de chaînes de télévision et de stations de radios publiques redonne enfin du pouvoir au CSA et va permettre très clairement plus de pluralisme, plus d’indépendance pour l’audiovisuel public par rapport aux institutions politiques. En parallèle les moyens alloués aux missions du CSA vont devoir s’accentuer pour permettre d’intensifier l’accessibilité de l’audiovisuel aux personnes en situation de handicap et d’imposer la représentation des diversités de notre société. C’est de cette manière que nous pourrons la faire évoluer et lutter contre les discriminations.

Nous devons également faire en sorte que le CSA développe un projet autour du recours à la publicité comme mode de financement. D’abord avec Médiamétrie, organisme qui est chargé d’analyser les audiences pour fixer les prix des publicités, qui doit évoluer pour ne plus mener au statu quo. Il n’est pas concevable que certains annonceurs, médias et agences puissent verrouiller le marché publicitaire audiovisuel dans leurs propres intérêts par le biais de Médiamétrie. La gestion et la direction de cette entreprise doivent donc être entièrement revues pour cette situation anticoncurentielle.

Le CSA doit aussi intervenir pour limiter l’inflation des écrans publicitaires, qui n’augmente pas les revenus, en limitant le nombre et leur durée par exemple. Il serait alors possible d’augmenter les messages institutionnels aux débuts de certaines pauses importantes. L’objectif d’une telle décision serait également d’apporter plus d’équilibre entre les chaînes dont certaines sont clairement défavorisées.

Ainsi, si les médias de masse sont prédominants de nos jours dans l’éducation culturelle, la priorité de l’Etat en la matière doit rester de permettre à chacun d’accéder à la culture et à la pratique artistique. L’école joue ce rôle et l’audiovisuel public doit pouvoir le compléter en soutenant massivement la création artistique, c’est-à-dire la liberté d’expression pour tous.