Tribune signée avec des camarades jeunes socialistes de différentes sensibilités représentées par Grégoire Chapuis, Jade Dousselin et Jérémy Pinto : Jules Aime de la Vienne ; Yasin Amrouche, Céline Puharré  et Guillaume Valadas de la Haute-Vienne ; Lou Bachelier-Degras et Basile Imbert du Gard ; Harold Bernard et Aline Ferrière de la Côte d’Or ; Pauline Blanc de Tarn-et-Garonne ; Jérôme Bornet du Loiret ; Carla Bucero-Lanzi des Deux-Sèvres ; Thomas Casadei, Paul Chalvin, Antoine Evennou, Sacha Houlie et Benjamin Lepez de Paris ; Martin Couderc et Florian Humez du Puy de Dôme ; Elise Dacosse et Aykel Garbaa de Maine-et-Loire ; Romain Entat de la Drôme,  Hugo Gouysse des Côtes d’Armor, Fabien Guéguen et Kévin Pichenet du Rhône ; Sébastien Jehanno du Morbihan ; Matthieu Jouvet de l’Ardèche ; Esteban Lopez de Saône-et-Loire ; Guillaume Menier des Côtes d’Armor ; Alison Paquette de l’Indre ; Jérémie Testou de la Haute-Garonne ; Vincent Tisler du Val-de-Marne et Gabriel Vallet du Cher.

Logo du Mouvement des Jeunes Socialistes

La jeunesse, plus que jamais défiante à l’encontre des institutions, semble ne plus rien attendre des discours politiques et de leurs vagues promesses. C’est pourtant cette même jeunesse qui s’investit dans les associations, imagine les mouvements sociaux, ou invente de nouveaux modes de militantisme. Nous sommes de cette jeunesse, aux espoirs confisqués, aux désirs trop souvent ignorés ou caricaturés. Mais nous sommes aussi de cette jeunesse, entreprenante et solidaire plutôt que fataliste, mobilisée plutôt que résignée. Membres des Jeunes Socialistes, nous sommes convaincus que la traduction en actes de nos aspirations ne peut advenir que par la voie de l’engagement politique, en dépit du désamour dont il souffre et dont nous sommes conscients.

Alors que les extrêmes sont en embuscade, nous refusons les fausses solutions à droite comme à gauche, nous dénonçons les discours populistes ou démagogiques. Susceptibles de créer un certain enthousiasme, ils n’auraient en réalité pour résultat que d’amplifier la défiance envers la politique, et à terme de ne susciter que le dépit. Au contraire, nous sommes conscients de vivre dans un monde globalisé, de plus en plus complexe et en évolution très rapide, il nous appartient de répondre à ces enjeux de façon précise, et nous assumons que les réponses apportées soient également complexes.

Nous sommes des réformistes

Notre projet s’oppose radicalement au conservatisme et à l’immobilisme qui ont gouverné la France pendant plus de 10 ans, provoquant l’enracinement dans la crise économique tout en creusant les inégalités. Notre projet n’est pas celui d’une utopie qui ne prendrait pas en compte la réalité des crises qui traversent notre société. Mais si les réformes sont indispensables, si les efforts pour le redressement sont incontournables, la nécessaire prise en compte des réalités n’entame pas la fermeté de nos convictions et notre opiniâtreté à lutter contre tous les déterminismes.

Etre de gauche, c’est réformer pour le progrès

Le réformisme est le projet qu’ont déjà porté nos aînés. Jaurès, Blum, Mendès-France, Mitterrand, Rocard, Jospin ont été les artisans du progressisme, forgeant les droits dont nous sommes aujourd’hui les garants. A nous de les réinventer, les conforter, les adapter aux évolutions de la société auxquelles nous sommes attentifs dans la France de 2014.
Le gouvernement Valls, et avant celui de Jean-Marc Ayrault, s’inscrivent dans leurs pas en transformant un pays en crise qui n’a pas su se réformer à temps. L’héritage que nous a laissé la droite après dix années, la situation économique nationale, européenne et internationale sont aujourd’hui autant de facteurs qui réduisent les marges de manœuvres économiques de la gauche au pouvoir.

Malgré les difficultés et l’impopularité, le Président de la République a le courage de ne pas dévier de la voie étroite qu’il a pris la responsabilité d’emprunter pour redresser le pays. Nous soutenons la politique et la méthode proposées par le gouvernement car nous estimons que la réforme, en association avec les partenaires sociaux, assurant un maximum de concertation, est la bonne méthode pour permettre de transformer durablement la société.

Les jeunes de 2017 devront mieux vivre que ceux de 2012. Cet objectif nous anime. Les bilans et les estimations fantaisistes ne nous aveuglent pas, seuls les actes comptent.

Avant le 6 mai 2012, François Hollande avait promis de faire de la jeunesse la priorité de son quinquennat. Depuis, la refondation de l’école est en cours, les 60 000 nouveaux postes dans l’éducation ont été programmés, les bourses augmentées, la caution locative étudiante, les emplois d’avenir et les contrats de génération créés.

Avant le 6 mai 2012, François Hollande avait promis l’égalité des droits. Depuis, le mariage et l’adoption ont été ouverts à tous les couples et l’égalité femmes-hommes a connu des avancées sans précédents.

Avant le 6 mai 2012, François Hollande avait promis de protéger les plus faibles face à la crise, d’agir pour l’emploi et pour le redressement économique. Depuis, le plan pauvreté a été mis en place et le RSA augmenté. Les baisses d’impôts réalisées dès cette année augmenteront le pouvoir d’achat des classes populaires. La compétitivité des entreprises est progressivement restaurée pour mieux préparer l’avenir, même s’il faut sans doute mieux cibler les aides en direction de celles plus exposée à la concurrence internationale.

Nous nous satisfaisons de ces actions, mais nous souhaitons aller plus loin. Le redressement dans la justice est notre promesse. Elle demeure intacte et ce jusqu’à la fin du quinquennat. Militants de gauche, avec, déjà, derrière nous quelques campagnes électorales, jeunes élus dans des collectivités ou ayant des responsabilités politiques, nous pensons qu’il est temps de créer le sursaut à gauche pour faire réussir cette politique.

Gouverner, c’est être responsable

Nous faisons le choix de l’exigence d’une démarche constructive. Nous soutenons la gauche au pouvoir et voulons contribuer à imaginer la société de demain, à penser le monde qui nous entoure. Cet horizon doit nourrir les débats nécessaires au sein de la majorité et de notre parti. Le Mouvement des Jeunes Socialistes doit y participer de manière responsable. La période politique nous oblige, et nous voulons prendre notre part pour réinventer la social-démocratie du XXIème siècle, celle qui permet à chacun de construire son propre destin en luttant contre les inégalités à la racine.

Les attentes sont encore nombreuses. Le gouvernement doit poursuivre son cap, en affirmant toutefois plus fortement encore la nécessité de mieux réorienter les politiques européennes. Ou aussi, par exemple, mieux prendre en compte l’impact de la globalisation de l’économie dans les critères des aides aux entreprises. Par ailleurs, la réforme annoncée de l’impôt sur le revenu doit être le prélude d’une véritable réforme fiscale de grande ampleur, répondant aux exigences de simplification, de justice sociale et d’équité entre les français. Le droit de vote des étrangers doit s’inscrire dans le chemin des nouveaux droits civiques créés par la gauche.

Mais, sans s’interdire de débattre, ces attentes ne dispensent pas du sens des responsabilités, sans lequel il n’existe que chaos médiatique et discorde politique. Nous dénonçons ainsi les méthodes de communication de certains qui ne font qu’affaiblir la gauche qui gouverne. Les postures caricaturales ne permettent pas au débat d’avancer et celles-ci ne renforcent personne.

Ce soutien responsable s’accompagne d’une ambition de renouvellement. Pour que les jeunes retrouvent confiance dans la politique, nos institutions doivent valoriser l’expression d’identités multiples dans un monde en mutation : il n’y a pas une jeunesse, mais des jeunesses.

Pour les militants de gauche, l’enjeu est aujourd’hui, non pas de ressusciter l’utopie dépassée d’une identité nationale niant la singularité de chacun, mais de redonner à cette diversité toute sa force et sa cohérence. La défense de nos valeurs républicaines ne suffit plus. Nous appelons la gauche à moderniser radicalement l’idée républicaine, à la raffermir et à refonder ses piliers historiques, pour que les nouvelles générations puissent s’y retrouver malgré leurs différences.

Réinventer la République, la gauche, et la politique

La priorité est bien au redressement social et économique. Il n’est pas question pour autant pour nous de fermer les yeux sur la crise démocratique de notre société. Elle passe par une crise des valeurs et par la perte de confiance dans ceux qui nous représentent.

Les partis politiques ont leur part de responsabilité dans cette crise. Nous mesurons au quotidien tout ce que l’engagement militant peut apporter, mais nous sommes bien conscients de ses limites et faiblesses. Les partis républicains, en s’appuyant sur les jeunes, doivent engager une véritable refondation pour retrouver une légitimité à leurs yeux. Nous souhaitons mettre un terme définitif aux conservatismes, aux baronnies, aux potentats locaux qui trop souvent minent de l’intérieur les partis politiques et contribuent à alimenter la défiance de nos concitoyens. Nous souhaitons réinventer la pratique politique et nous croyons fermement en la nécessité de réarmer idéologiquement la gauche et la famille socialiste. N’ayons plus peur du changement, de l’innovation et de l’ouverture aux nouvelles pratiques militantes. Soyons-en au contraire les initiateurs.

La refondation de notre pratique politique doit aussi être l’occasion de changer la nature des contrats passés avec les Français. Les confrontations stériles entre personnalités politiques n’apportent que des déceptions, là où la politique a besoin de confiance pour son action.

Le véritable renouveau politique nécessite de libérer les idées et les pratiques innovantes, en mettant de côté les postures politiciennes à dessein individuel. Alors que nous devrions être force de réforme, nous n’apparaissons plus comme les forces du progrès et de l’innovation, tant du point de vue du projet de société que de la pratique politique. Plus que de rester figés dans une posture de résistance, nous devons redevenir crédibles et convaincre les citoyens de notre capacité à gouverner ainsi qu’à nous renouveler pour faire émerger un projet en adéquation continue avec notre temps.