Le maire d’Orléans nous a offert ce week-end une séquence de communication intéressante d’abord parce qu’il reprend les éléments de langage de mars mais surtout parce qu’il admet certains renoncements. Analyse…

La statue de Jeanne d'Arc à Orléans

Serge Grouard serait-il nostalgique de la campagne municipale ? C’est la question que l’on peut se poser en lisant dans la presse les comptes-rendus de sa communication car, en effet, il veut démontrer qu’il est possible d’avoir des ambitions et de faire des économies, à l’inverse de ce qui se fait, selon lui, au niveau national. Cette séquence n’est pas sans rappeler les éléments de langage qu’il utilisait déjà lors des élections municipales en proposant « un nouveau contrat ambitieux et économe » et en dénonçant « le désengagement de l’Etat ». Cette petite musique est fatigante, rappelons-lui plusieurs choses…

  • L’Etat ne se désengage pas mais il met en mouvement toute la société pour participer à l’effort national y compris les collectivités territoriales (par la baisse des dotations donc). Nicolas Sarkozy prévoyait déjà en 2010 de les « responsabiliser » en gelant les dotations.
  • Serge Grouard vient peut être de le découvrir maintenant, mais beaucoup d’autres maires le savent depuis longtemps : faire des petites économies est possible. De ce point de vue les 11 millions d’euros investis pour la rénovation de la place du Martroi et les 11 millions d’euros investis pour le projet d’Arena peuvent poser questions.
  • Quant aux économies faites par le gouvernement, elles permettent notamment de réaliser deux ambitions essentielles du quinquennat de François Hollande : la réduction du déficit et donc l’indépendance vis-à-vis des grandes puissances financières (avec des premiers résultats puisqu’il est passé de 4,8% du PIB en 2012 à 4,1% en 2013) ; la priorité à la jeunesse (création des 60.000 postes dans l’éducation, revalorisation des bourses étudiantes, augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, généralisation de la caution locative, remboursement total de l’IVG et de la contraception, etc.).

Serge Grouard fait-il le mandat de trop ? C’est l’autre question que l’on peut se poser à l’issue de ce week-end médiatique pour le maire d’Orléans ! Dans son programme de 2014, il rappelait sans cesse que son équipe allait faire prendre à Orléans un temps d’avance… Il aimait aussi rappeler que 90% de ses engagements de 2008 avaient été tenus. En 2020 les Orléanais-e-s feront le bilan avec plus de difficulté puisque le site internet de campagne, jusqu’alors encore en ligne, a été supprimé. C’est peut être une manière pour lui de ne pas mettre en lumière ses renoncements et ses incohérences mais nous pouvons lui rappeler :

  • Pendant la campagne, Serge Grouard refusait d’entendre parler de la proposition, portée par la liste Orléans à 100%, d’installer un pôle de l’économie numérique et du design sur le site FAMAR. Aujourd’hui son équipe propose d’y implanter une French Tech (dispositif mis en place par le gouvernement en 2013 pour coordonner les actions en faveur de la croissance des stat-up). Un temps d’avance ?
  • Pendant la campagne, Serge Grouard s’engageait à aménager l’Astrolabe sur le site porte madelaine, il veut aujourd’hui l’aménager dans l’extension du Zénith… Un temps d’avance ou de la précipitation après un effet d’annonce ?
  • Pendant la campagne, Serge Grouard voulait faire rayonner Orléans, aujourd’hui il préfère accueillir le concours Miss France plutôt que de s’occuper des nombreuses friches qui s’accumulent dans la ville (prison, site de la vinaigrerie dessaux, bâtiment EDF de la source, etc.). Un temps d’avance ?
  • Pendant la campagne, Serge Grouard annonçait que le monde associatif allait être représenté dans les assemblées consultatives de quartiers alors que c’est justement ce que l’opposition socialiste lui reprochait de ne pas faire. Aujourd’hui il ne souhaite pas proposer de nouvelles méthodes de démocratie de proximité que lancent certaines collectivités locales avec les budgets participatifs par exemple. Un temps d’avance ?
  • Pendant la campagne, Serge Grouard voulait amplifier certains événements gratuits, aujourd’hui il veut supprimer la partie payante du festival Orléans Jazz qui se déroule au campo santo, ce qui ne serait pas une mauvaise nouvelle si la programmation pouvait se retrouver dans la partie gratuite du festival qui se déroule au jardin de l’évêché. Espérons que sur ce point, notre maire puisse vraiment avoir un temps d’avance.