Le Conseil National du Mouvement des Jeunes Socialistes a lieu ce week-end à Paris. Voici la contribution d’ERASME (évolution, réforme, avenir, socialisme, mouvement et Europe) que j’ai signé avec Grégoire Chapuis, Jérôme Bornet, Kevin Pichenet, Romain Entat, Matthieu Jouvet et Alison Paquette : Logo du Mouvement des Jeunes Socialistes

Les divisions sont une menace contre la République. Malgré une accession au pouvoir, depuis 2012 l’ensemble de notre famille politique est incapable de se mobiliser pleinement pour l’intérêt général. Les Français-e-s attendent de nous des résultats, et non des petites phrases destinées à nous desservir et nous démobiliser.

Le Gouvernement Valls II, nommé le 26 août dernier, mérite tout notre soutien et notre approbation. En effet, avec plusieurs ministres jeunes, il met un point d’honneur à renouveler nos pratiques. Rappelons-nous à ce titre que Manuel Valls est lui-même passé par le Mouvement des Jeunes Socialistes. Soutenons aussi la nomination de Najat Vallaud-Belkacem comme ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, première femme nommée à cette haute fonction, et celle d’Emmanuel Macron comme ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique. Il est particulièrement insoutenable que ces ministres soient hués lors du discours du Premier Ministre à La Rochelle. Quelle image voulons-nous donner de nous-même ? Celle d’une gauche ouverte, à la société civile notamment, ou celle d’une gauche archaïque et incapable de gouverner ?

Alors oui, réussissons ensemble ce quinquennat. Il ne suffit pas de souligner les avancées que la gauche réalise depuis 2012. Si elles sont nombreuses, nous devons maintenant nous mobiliser pleinement pour les communiquer, faire que les citoyen-ne-s s’imprègnent de nos idées et de nos valeurs. Le début du mandat présidentiel n’a pas été parfait. Il faut aller encore plus loin et avoir le courage des réformer, en stoppant les actions individuelles qui nous desservent. Ayons le courage de défendre nos convictions, nos valeurs démocrates auprès de ceux qui ont voté pour nous en 2012. Parlons des résultats qui commencent déjà à arriver en ce qui concerne l’emploi des jeunes, l’éducation ou l’égalité femmes -hommes par exemple. Que peuvent bien se dire les citoyen-ne-s qui voient que la première opposition est socialiste ? Que peuvent-ils se dire quand la droite n’incarne même plus l’opposition ? Pour qui veulent-ils voter ? Malheureusement, les élections européennes ont confirmé les réponses à ces questions. Notre unité sera notre crédibilité. Elle est nécessaire et urgente.

I/ La gauche au pouvoir, celle qui agit

Le Gouvernement et le Président incarnent depuis 2012 une ligne social-démocrate correspondant à une pratique, celle de la promotion du dialogue social. Nicolas Sarkozy ne voulait pas entendre parler des corps intermédiaires, nous nous les écoutons et nous légiférons avec eux. La social-démocratie, contrairement à ce que l’on peut entendre, ce n’est pas le social-libéralisme, ni la droite, mais une pratique pleinement socialiste. La politique du gouvernement est claire !

En matière d’éducation, après avoir entamé les grandes réformes de recrutement, de formation, des rythmes scolaires, des programmes, le gouvernement entreprend la fin de la notation. Nous défendons cette idée depuis longtemps et nous nous félicitons des premières expérimentations qui ont lieu un peu partout en France. Nous nous réjouissons aussi de voir que notre mouvement soutient désormais cette réforme nécessaire. Cette politique éducative globale est le fruit d’une large consultation des acteurs concernés, et l’incarnation de notre priorité : la jeunesse.

D’autres mesures phares nous animent comme la justice sociale ou l’accès au logement. La réforme des allocations familiales a suscité de nombreuses polémiques alors qu’elle a pour objectif de renforcer la solidarité sans toucher à l’universalité de cette prestation et surtout sans toucher aux classes moyennes et populaires. Cette idée d’épargner les plus en difficulté est aussi présente dans le budget 2015 qui marque la fin de la première tranche de l’impôt sur le revenu. Ainsi 3,7 millions de ménages verront leur impôt diminuer dont 1,9 million seront totalement exonérés. Les budgets 2013 et 2014 avaient pour objectif de rétablir nos finances publiques, et des premiers résultats ont été constatés, ceux de 2015, 2016 et 2017 auront l’ambition de partager les fruits de la croissance. Cette politique, nous devons la défendre comme en 2012 car elle consiste à retrouver notre indépendance face aux grandes puissances financières tout en dynamisant notre attractivité économique et en sauvegardant notre modèle social. Sur ce point précis, rappelons que le gouvernement ne reviendra pas sur les 35 heures.

L’accès au logement est une autre préoccupation forte des citoyens. Si l’encadrement des loyers est aujourd’hui nécessaire dans les grandes métropoles, sa mise en application reste malheureusement délicate sans mettre en difficultés les professionnels de l’immobilier et ajouter un poids à la crise du logement et du marché immobilier que l’on connaît. C’est pourquoi il faudra aller plus loin que l’encadrement des loyers et favoriser l’accès au logement locatif pour tous, l’obtention de prêts et la diminution des coûts d’accès au logement.

Le rôle du Gouvernement est donc de répondre à ces préoccupations mais c’est aussi de tracer une destinée au pays. C’est le cas avec la réforme territoriale qui consiste à renforcer les régions et les intercommunalités. La mutualisation des structures régionales permettra une réduction des dépenses et surtout une meilleure capacité d’investissement pour le développement économique et l’emploi. Quant aux intercommunalités elles seront un élément fondamental de la proximité avec de nouvelles compétences sociales. Cette politique est volontariste car elle engage chaque territoire dans un projet de société global en réduisant les inégalités. C’est avec le même volontarisme pour les territoires que les lois de transition énergétique et d’avenir pour l’agriculture ont été votées. Des nombreuses avancées ont été actées en matière d’écologie comme la rénovation de 500.000 logements par an à compter de 2017, la possibilité pour les PME d’engager des emprunts obligataires écologiques, l’installation de stations pour les voitures électriques ou encore la mise à disposition de 5 milliards d’euros pour le financement de transports propres. En ce qui concerne le monde agricole, le plan de méthanisation, le soutien pour l’installation des jeunes et l’accès au foncier, la formation à l’agriculture biologique ou la limitation des produits phytosanitaires sont autant de mesures saluées par les professionnels. A terme la diversité de notre agriculture sera préservée et notre pays pourra faire face aux défis écologiques.

Nous pouvons citer beaucoup d’autres réformes, comme la simplification qui engage l’administration à retrouver la confiance des usagers ou la réforme pénale qui lutte contre la récidive par la réinsertion. La communication autour de ces mesures de gauche doit être totale, et le MJS doit jouer un grand rôle dans cette diffusion.

II/ Un rôle à part entière à jouer pour le MJS

A l’heure où la jeunesse de France tourne de plus en plus le dos à la gauche, il est de notre devoir en tant que jeunes socialistes de lui redonner confiance en notre famille politique. S’il ne s’agit pas de jouer un rôle de godillot, le Mouvement des Jeunes Socialistes doit véhiculer sans cesse l’action de la gauche au pouvoir, celle qui agit.

Nous devons être présents sur les marchés, à la sortie des lycées, des centres d’apprentissage et des universités pour parler de l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, de la création d’un nouvel échelon de bourse, de la suppression de la bourse au mérite qui favorisait ceux déjà favorisés… des mesures qui répondent à l’attente des jeunes de notre pays. Si TAFTA est un sujet fort intéressant qui mérite un débat au sein de notre organisation, nous pensons à ERASME qu’il aurait été plus judicieux de réaliser des campagnes en liens avec les préoccupations des jeunes de notre pays, comme par exemple la caution locative pour les logements étudiants. Nous ne pouvons pas non plus nous contenter de répondre à cette défiance via des campagnes d’adhésion. Tant que le MJS ne répondra pas à travers ses campagnes aux attentes des jeunes de tous les milieux sociaux, de tous les territoires, et n’ira pas sur le terrain à leur rencontre, il ne répondra pas aux aspirations de la jeunesse française en 2014. Nous devons aller chercher ces jeunes partout où ils se trouvent, que ce soit dans les zones rurales ou bien urbaines, en s’adaptant sans cesse au public visé. Il n’est pas possible d’apporter la même solution à une personne vivant dans un territoire rural qu’à une personne habitant un arrondissement d’une des trois plus grandes villes de France. Pour que notre réponse soit des plus convaincante et pertinente, il est indispensable que nos fédérations disposent de moyens importants, afin de réaliser des campagnes en lien avec le terrain étudié.

Afin de se rapprocher des personnes qui ne nous font plus confiance, nous devons aussi inventer de nouvelles méthodes, et sans cesse renouveler nos techniques militantes pour réaliser des campagnes qui touchent les Français. Nous devons étendre le débat sur de nombreux sujets, et approfondir plusieurs d’entre eux, tels que la question des stages par exemple, qui ne se limite pas à la question de l’allocation d’autonomie. Notre mouvement gagnerait aussi à se préoccuper de la question de l’alternance, qui permet une insertion professionnelle plus rapide, un revenu pendant les études, et réduit le risque de chômage à la fin des études.

De plus, si nous voulons être proches des jeunes de notre pays et répondre positivement à leurs attentes, il est dans un premier temps indispensable que l’ensemble des militants de notre mouvement se sente représenté par les campagnes que nous menons, ce qui passe par un débat au sujet des actions futures pour trouver un compromis idéologique et militer nationalement pour des causes communes. Notre organisation ne doit pas hésiter non plus à s’appuyer sur le formidable travail réalisé par les fédérations, car c’est bel et bien à travers ces dernières que notre mouvement vit, vivra, et que nous reconquerrons le cœur des français.

 

Les élections municipales, européennes et sénatoriales montrent une nouvelle fois la crise politique dans laquelle se trouvent notre parti et notre pays. Le retour de l’ancien président, attendu comme le messie par une partie de la droite française s’avère aujourd’hui ne pas recueillir la satisfaction du peuple. Ces signaux montrent que les Français-e-s attendent du renouveau que seul le Front National aujourd’hui semble pouvoir leur apporter avec des candidats jeunes qui tiennent un discours nouveau dans sa forme mais toujours aussi réactionnaire sur le fond, il nous faut réagir rapidement.

Les élections départementales qui arrivent ne doivent pas être pour notre famille politique et plus largement pour la gauche l’objet de discordes entre frondeurs et non frondeurs, entre résignés et solidaires. Ces élections seront difficiles du fait d’un contexte national encore plus délicat, car plus délétère, que pendant les élections municipales et européennes. Cette échéance doit être l’occasion pour la gauche de se réunir et de prouver aux Français-e-s qu’elle peut être l’avenir, après les crises économique, politique et sociale. Les jeunes socialistes peuvent relever ces défis en proposant au Parti Socialiste des candidatures de renouvellement. Ce nouveau scrutin doit être l’occasion pour le parti de miser sur la jeunesse. Les électeurs doivent pouvoir voir l’image d’un parti et d’une gauche renouvelée et rénovée prête à préparer les enjeux de demain. Mais soyons prêts, nous aussi.