Le Conseil National du Mouvement des Jeunes Socialistes a lieu ce week-end à Paris. Voici la contribution d’ERASME (évolution, réforme, avenir, socialisme, mouvement et Europe), Agir en Jeunes Socialistes et La Relève que j’ai signé avec Yasin Amrouche, Lou Bachelier-Degras, Harold Bernard, Pauline Blanc, Jérôme Bornet, Paul Chalvin, Grégoire Chapuis, Adrien Cois, Martin Couderc, Elise Dacosse, Sophie Dernois, Erwan Desnos, Romain Entat, Aykel Garbaa, Hugo Gouysse, Florian Humez, Basile Imbert, Sébastien Jehanno, Matthieu Jouvet, Guillaume Menier, Alison Paquette, Kévin Pichenet, Jérémy Pinto, Céline Puharré, Vincent Tisler, Guillaume Valadas et Fabien Vanden Steene :

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« Vouloir être de son temps c’est déjà être dépassé » – Eugène Ionesco

Nous sommes jeunes socialistes. Dans la diversité de nos territoires, de nos âges et de nos parcours, nous pensons qu’il n’y a pas de fatalité, que la politique peut changer le cours des choses. Nous sommes engagés à gauche parce que nous voulons construire une société plus juste et mieux lutter par l’égalité réelle contre tous les déterminismes sociaux.

Ces idéaux nourrissent depuis toujours le projet de société des socialistes. Mais ce dernier est aujourd’hui remis en question, confronté à une économie globalisée, à la révolution numérique, aux excès de la pensée monétariste, à l’individualisme. Nous vivons dans un monde qui change, où l’accélération des mutations et le rapport au temps bouleversent considérablement les politiques publiques. La crise, dont les causes sont multiples, interroge nos façons de penser et de concevoir nos modes d’action pour transformer la société. Et pourtant, il n’y a pas de désintérêt de la chose publique : les associations, les collectifs, les mobilisations numériques les pétitions, les think-tanks, sont nombreux. Mais la façon de faire la politique est devenue obsolète.

Aux vieilles recettes du passé, aux crises, aux peurs, aux enfermements identitaires sur lesquels jouent le front national et une partie de la droite, nous opposons avec vigueur la citoyenneté et le sens de l’engagement que nous voulons revivifier. Nous voulons partir du réel pour aller à l’idéal, en étant mieux en prise avec la société civile, en mettant de la démocratie partout, en approfondissant la démocratie sociale et la démocratie participative, en rapprochant le pouvoir des citoyens par le biais de la décentralisation. Etre réformistes, c’est engager ainsi puissamment la transformation de notre pays.

Nous sommes sociaux-démocrates. La prise en compte des réalités n’entame pas la fermeté de nos convictions. Nous assumons une méthode : celle du réformisme radical.

Réformisme car, tout en intégrant les contraintes du réel, nous voulons réhabiliter le volontarisme politique. Nous ne nous résignons ni à la contestation sans issue du « pas assez à gauche », ni à ce qui relève d’un « pragmatisme gestionnaire ». Nous considérons que toute avancée, tout progrès, même insuffisant, même modeste, est bon à prendre. La gauche au pouvoir s’y attelle pour répondre aux attentes, nous la soutenons avec exigence.

Radical, car nous ne sommes pas condamnés à l’impuissance. Il serait illusoire de penser que la seule recherche individuelle du profit contribue au bien-être collectif et que l’égalité des chances peut être atteinte sans redistribution des richesses. Le socialisme, c’est opposer à la « main invisible » une détermination sans faille pour faire progresser la justice sociale, la force de l’engagement et la mobilisation de toutes les énergies citoyennes pour faire le changement.

A travers cette démarche commune des groupes politiques Agir en Jeunes Socialistes, ERASME et La Relève, nous voulons être utiles et constructifs, faire bouger les lignes et inventer la gauche réformiste de demain qui se donne comme priorités : l’égalité réelle et la justice sociale (1), comme défis de demain : une construction européenne ambitieuse et l’urgence écologique (2), comme impératifs : reconstruire un destin commun où chaque individu trouve sa place (3).

I/ Engagés pour un nouveau pas vers l’égalité

A l’heure où la droite souhaite s’approprier ce qui rassemble les Français-es, nous devons faire vivre les valeurs de la République. Notre modèle social, qui échoue trop souvent à réduire les inégalités, doit être réformé en profondeur : c’est en réduisant les inégalités à la racine, dès le plus jeune âge, que nous progresserons vers l’égalité réelle.

a) Sur le chemin de l’émancipation, l’école !

La droite a malmené le système éducatif, mis à mal les vocations, supprimé les réseaux RASED et de nombreux postes. Depuis 2012 notre Gouvernement agit et a enclenché la création de 60 000 postes en cinq ans dans tous les métiers de l’éducation, le pré-recrutement des enseignants avant la fin de leurs études, rétabli la formation initiale mais aussi constituée une réserve citoyenne, mis en place l’apprentissage du numérique, réformé les rythmes scolaires, et lancé l’accompagnement personnalisé.

Pour mieux lutter contre le décrochage, nous souhaitons aller plus loin en faisant du droit à une seconde chance notre priorité afin que chaque jeune puisse construire son projet de vie, au moyen d’enseignements fondamentaux dispensés sous forme de modules, brassant les filières générales, techniques et professionnelles et remodelant les cycles.

Tenir la promesse de l’égalité, c’est poursuivre la démocratisation de l’enseignement supérieur en luttant contre l’échec en licence, en favorisant la mobilité étudiante par la construction de logements. Après la revalorisation des bourses étudiantes nous voulons aller vers une allocation d’étude et de formation, dont le montant serait calculée en fonction du revenu des parents pour les jeunes, et à laquelle auraient droit les adultes en reprise d’études pour favoriser la formation tout au long de la vie.

b) Un nouveau souffle pour la génération sacrifiée

Nous espérons vivement que la garantie jeune soit généralisée et nous félicitons qu’un accord ait été signé pour l’élargissement de cette mesure à 26 nouveaux départements au 1er septembre.

Nous saluons également la mise en place du service civique en espérant qu’il devienne universel mais toujours basé sur le volontariat, et souhaitons un élargissement des missions proposées, en lien avec l’école, pour encourager les jeunes à se porter candidats, dans des domaines divers, tels que l’économie sociale et solidaire, la défense et d’autres encore.

c) L’État de droit pour tous, partout

L’un des rôles quotidiens de l’Etat est d’assurer la cohésion des territoires, et la mobilité doit en être un levier. L’égalité d’accès aux services publics passe par une politique des transports en commun ambitieuse et volontaire. Il faut développer les transports intercommunaux avec un maillage efficace du territoire, une fréquence raisonnable et des tarifs raisonnés, la gratuité pour certains réseaux quand cela se justifie. Nous voulons également favoriser les transports à la demande, indispensables pour les personnes âgées ou dépendantes. Nous proposons enfin de développer le covoiturage (aires dédiés, dispositifs afférents) autour des réseaux de transports en commun.

Concernant le logement : ayons une approche locale et ascendante, plus participative et transversale, accompagnons les opérations de rénovation urbaine de créations d’activités économiques dans les quartiers. Les jeunes ne manquent souvent pas d’envies et d’idées mais ne disposent pas toujours de l’accompagnement pour les mettre en œuvre.

Si nous saluons la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, la mise en place des nouveaux contrats uniques de ville, et l’accélération du nouveau programme national de renouvellement urbain, nous pensons qu’il faut là aussi aller plus loin en bâtissant des quartiers durables et en faisant de la haute performance énergétique la norme. Les investissements immobiliers doivent financer en priorité l’économie sociale et solidaire à travers, notamment, des éco-quartiers et des projets coopératifs. Il faut, enfin, développer des politiques numériques ambitieuses, pour encourager la création de villes intelligentes, répondant aux problématiques environnementales, démocratiques, et d’efficacité.

La cohésion des territoires ne peut être conforme avec les nouvelles réalités urbaines que si elle s’envisage à l’échelle intercommunale. Dans cette optique il faut pousser au renforcement des prérogatives des intercommunalités et nous soutenons à ce titre le renforcement de la péréquation qui garantit la justice dans les dotations.

d) La France connectée

Le Président de la République s’est engagé à ce que l’ensemble du territoire dispose du très haut débit d’ici 2022. Nous défendons un enseignement de l’informatique dans chaque cycle scolaire avec l’inscription dans les programmes scolaires d’initiation à la programmation et au code.

L’offre proposée par les pouvoirs publics porte ses fruits : notre pays est le premier européen et le quatrième mondial en termes d’e-administration et d’infrastructures de télécommunications. Le label fédérateur qu’est la French Tech est une réussite sur le plan national : la mobilisation d’un réseau d’écosystèmes de start-ups à travers la labellisation de 9 Métropoles French Tech est concluante et est un facteur clé de succès pour nos entreprises. Les entreprises françaises du web réalisent en moyenne 39% de leur chiffre d’affaires à l’international contre 3% pour les autres PME. 87% des contrats sont des CDI.

II/ Engagés pour réinventer la social-démocratie dans un monde nouveau

C’est en proposant des perspectives claires sur notre vision du monde, notre rôle dans la construction européenne, et les opportunités à saisir dans la mondialisation, que nous serons de nouveau crédibles eu égard aux doutes des Français.

Dans ce contexte, les divergences économiques, associées à une interdépendance accrue de nos économies européennes, ne font qu’accentuer les rapports de forces. Cela conduit, malheureusement bien trop souvent, à une surenchère au moins-disant sur la protection sociale, et ne fait qu’accentuer la précarité des plus démunis.

Si nous combattons ce libéralisme économique, nous nous opposons aussi à la mise en place de barrières douanières, source de confrontations entre les peuples. Notre premier combat est de permettre le développement social à l’échelle mondiale. Opposer les peuples ne peut être la solution.

C’est pourquoi nous estimons que l’Europe est notre salut, que celle-ci est la voie qui doit nous permettre de retrouver un développement harmonieux et de vaincre les obscurantismes. L’Europe est l’outil qui doit permettre la convergence économique, sociale, environnementale et fiscale. Elle doit nous permettre de politiser la mondialisation. Nous ne devons plus laisser le terrain politique européen aux conservateurs et aux réactionnaires.

a) L’Europe comme salut

L’Union Européenne est pour beaucoup, au sein de l’opinion publique, considérée comme une administration lourde, dont la seule vocation est de mettre en place des normes contraignantes. Si elle reste synonyme de paix et de développement économique, les citoyens en attendent plus car cela ne suffit pas à constituer un projet politique.

Il faut aller plus loin dans l’intégration européenne pour restaurer la confiance en cette institution. Alors que les citoyens européens sont attachés à la monnaie commune, nous devons rouvrir dès maintenant le projet d’une Europe politique, démocratique et sociale.

Si le contrôle des dépenses publiques est indispensable, il ne peut constituer notre seul but politique. L’Europe doit créer davantage de solidarité plutôt que de mettre en concurrence les modèles sociaux. La mutualisation du financement de l’assurance-chômage au sein de la zone euro permettrait par exemple de renforcer la solidarité en son sein tout en favorisant la relance économique. La social-démocratie doit poursuivre son combat contre l’austérité et doter la zone euro d’une véritable politique économique. La mutualisation des dettes des Etats-membres de l’Union devra à terme être formalisée.

Nous devons mettre fin au dumping social et fiscal : le rêve européen ne sera pas finalisé sans justice entre les peuples de l’Union Européenne. Nous sommes favorables à la mise en place d’un SMIC européen, à l’élargissement d’Erasmus à tous les jeunes, à l’harmonisation des droits et des protections sociales.

Le plan Juncker de relance de l’économie doit voir ses moyens augmentés, afin de répondre aux enjeux : investissements dans les technologies de pointes misant sur la qualité et nos savoir-faires.

La crise ukrainienne, et plus largement nos rapports avec la Russie nous montrent combien notre indépendance énergétique est importante ; les dérives de TEPCO qui a privilégié sa rentabilité au détriment de la sécurité lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima est l’exemple même des risques liés à la privatisation. C’est pourquoi nous sommes favorables à la mise en place de véritables services publics européens dans les domaines du transport et de l’énergie. L’industrie doit, elle, être soutenue plus largement et le soutien à l’investissement dans les technologies de pointes doit être pérennisé et amplifié.

b) Le rôle de la France et de l’Europe sur la scène internationale

La transition écologique et la cop21

En cette année de la cop21, jamais la nécessité de trouver une solution à l’urgence environnementale n’a été aussi impérieuse. Nous devons apprendre des échecs du passé sur le protocole de Kyoto, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Il s’agira avant tout de construire un espace de négociation à l’échelle internationale. Tout ne pourra être résolu lors de la cop21, mais l’essentiel est de trouver des solutions pour que les discussions avancent, et que les réformes soient progressives. A ce titre, nous renouvelons notre volonté de voir se créer une Agence Mondiale de l’Environnement.

Les solutions doivent également venir des États. Certains doivent être à l’avant-garde, et aller plus vite : tel doit être le rôle de la France et de l’Union Européenne. Nous devons réinventer la fiscalité environnementale, en supprimant notamment les « niches grises » qui consistent à accorder des aides fiscales pour polluer plus.

Réinventer la fiscalité verte, c’est également se montrer à la hauteur des enjeux internationaux qui pourront en découler : cette fiscalité ne doit en aucun cas être une excuse à une volonté protectionniste car cela signerait l’échec de la cop21 et empêcherait tout accord comme ce fut le cas lors de la conférence Rio+20.

Enfin, pour donner sens à la transition écologique, il importe aussi à chacun d’agir au niveau local. Les initiatives favorisant l’indépendance énergétique, la mobilité durable, et l’agroécologie doivent être davantage soutenues et valorisées dans les territoires. La politique agricole commune pourrait par exemple être réformée pour inciter les agriculteurs à être plus respectueux de l’environnement.

Travailler sur la mobilité courante et connectée

C’est une vérité plus que criante depuis le début des années 2000 : les enjeux d’aujourd’hui, dans le cadre d’un espace mondialisé, sont ceux de la mobilité. Si les technologies offertes depuis, avec Internet, la téléphonie mobile, la démocratisation du transport aérien, ont permis cette émergence, au final, il est essentiel pour les États de faire le constat de la réalité du monde.

Dans le cadre d’une Europe vieillissante, et dont la natalité ne peut résorber ce vieillissement, il est plus qu’urgent de reconsidérer la position européenne sur l’immigration. Si les récentes annonces de la commission européenne sur les demandes d’asile sont un premier pas nécessaire face aux différentes crises humanitaires, c’est bien une politique migratoire commune et globale qu’il faudra instaurer.

Le co-développement doit être également un axe majeur de notre politique internationale : primordial pour corriger les criantes misères ici ou là et nécessaire pour le développement des relations avec le Sud. Ce co-développement ne peut en aucun cas être l’instauration d’un néocolonialisme, il sera celui du progrès, ou nous avançons ensemble pour le bien de tous. La francophonie est, avec sa langue qui est la deuxième enseignée à travers le monde, un réel outil à notre disposition pour construire un projet alternatif à la mondialisation actuelle. Mettons cet outil à profit en créant une communauté de destin nous permettant de dépasser les querelles pour assurer ce co-développement. La France, par son histoire et les responsabilités qui en découlent, a un rôle important à jouer.

Enfin, notre militantisme doit s’internationaliser : alors que dans certains pays, des dictatures sanguinaires sont restées au pouvoir, nous devons montrer que notre militantisme est aussi en la direction des peuples enchaînés.

III/ Engagés dans un récit collectif où chacun trouve sa place

Malgré le sursaut républicain du 11 janvier, les sujets de crispations et de tensions se multiplient. Aux inégalités, au chômage et aux nouvelles souffrances au travail s’ajoutent les tensions religieuses et le sentiment de nombre de Français de ne plus avoir aucune prise sur les événements. Face à ces défis, les appels à la République et au rassemblement, trop souvent incantatoires, ne suffiront pas à redonner du sens à notre action et à notre militantisme. Il appartient aux socialistes de reconstruire un récit collectif autour de nos valeurs – le travail, la liberté, la culture – tout en réformant nos institutions pour redonner du pouvoir aux citoyens.

a) Redonner sens au travail dans une économie mondiale en mutation

Le XXIe siècle est celui de l’échelle mondiale. Alors que les défis à relever se placent à ce niveau, avec la mondialisation et la révolution numérique notamment, le travail ne peut plus être conçu comme au siècle dernier. En prenant en compte ces mutations fortes, la gauche doit repenser son rapport avec le travail.

Etre audacieux, c’est penser que l’avènement d’un nouveau modèle de développement plus durable et plus respectueux des personnes ne peut se faire sous les injonctions du marché financiarisé ; c’est pourquoi nous sommes profondément régulateurs.

Soyons innovants et faisons de notre pays celui de l’industrie et des services de demain (par le soutien à l’innovation, à la compétitivité, à l’économie verte, à la prise de risque, mais aussi par la mise en place du travail collaboratif, connecté et décloisonné), tout en combattant les nouvelles souffrances au travail qui génèrent du stress et de l’épuisement professionnel.

Nous proposons de remettre la puissance publique là où elle doit être, en permettant un accompagnement complet des transitions, afin d’offrir des solutions tout au long du parcours de chacun (valorisation des compétences, formation, etc.). Cette sécurité sociale professionnelle doit être garantie à tous, y compris aux salariés précaires (qui sont plus souvent des femmes) qui enchaînent les contrats courts. Elle doit s’attacher à la personne à travers le compte personnel d’activité et le compte personnel de formation.

Intégrer les temps différents de la carrière, c’est aussi penser le temps de travail tout au long de la vie, plutôt que dans une acception contrainte de la durée hebdomadaire bêtement identique à tous les corps de métiers et à tous les âges.

Il importe par ailleurs d’amplifier les réformes de notre modèle de formation secondaire, universitaire et professionnelle. La valorisation des filières d’apprentissage doit se poursuivre tant elle est une voie reconnue pour une meilleure insertion sur le marché du travail. Aussi, l’université doit sensibiliser les étudiants à l’entrepreneuriat pour mieux contribuer à l’émergence de talents qui auront le goût du risque.

b) Socialistes nous sommes pour une société des libertés !

Parce que nous croyons à la démocratie jusqu’au bout, que nous voulons lutter contre toutes les formes de conservatismes et de discriminations, que nous défendons l’égalité réelle dans une société ouverte, nous sommes pour une société des libertés.

La gauche a déjà permis depuis 2012 de faire avancer l’égalité des droits. La loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe en est le meilleur symbole. L’ouverture du don du sang aux personnes homosexuelles doit être confirmée. Nous appelons également à rouvrir le débat sur la PMA pour les femmes homosexuelles et sur la GPA. Par ailleurs, nous souhaitons que les soins funéraires sur les personnes séropositives soient assurés.

Toutes les discriminations doivent être combattues. Dans la nouvelle société, plus ouverte, que nous voulons construire, tous les résidents sur le territoire auront le droit de voter aux élections locales. Nous nous sommes engagés devant les français à porter ce droit nouveau.

La loi pour l’égalité femmes-hommes a aussi constitué une avancée importante, notamment contre les violences faites aux femmes. Nous ne pouvons que nous féliciter du remboursement à 100 % de la contraception pour les mineures d’au moins 15 ans et de l’IVG pour toutes les femmes. Le Gouvernement doit désormais prendre des mesures fortes pour briser le « plafond de verre » des inégalités salariales, estimées à près de 24 % à compétences égales. Les entreprises, où les syndicats se mobilisent déjà sur cette question, doivent accompagner cette transformation profonde et durable de notre société.

Nous voulons poursuivre le débat sur la fin de vie. La nouvelle loi va dans le bon sens, en limitant la souffrance des malades en phase terminale, grâce à la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Dans les cas les plus extrêmes, l’assistance médicalisée au suicide pourrait être rendue possible.

Enfin, nous appelons à aborder résolument la question des drogues sous l’angle de la santé publique et de la réduction des risques plutôt que de la répression. Ainsi, la production et la vente de cannabis doivent être légalisées sous le contrôle des pouvoirs publics, car la situation actuelle, dramatiquement hypocrite, encourage les pratiques à risques, les mafias et le trafic de masse, qui sont bien plus néfastes que la consommation elle-même. Les salles de consommation de drogues visent à réduire les risques associés à cette consommation.

c) L’indispensable développement culturel d’un projet de société

L’accès de tous à la culture, combat historique des socialistes, est un levier de l’épanouissement de chacun, du vivre ensemble et un vecteur de développement économique et social.

Face aux trop criantes inégalités, notre engagement socialiste nous appelle à cette ambition plus que jamais nécessaire : la démocratisation. Celle-ci doit sans doute être repensée pour aller plus loin que les dispositifs existants et la simple gratuité qui, en soi, n’est pas suffisante. C’est tout l’enjeu du développement de l’enseignement artistique et culturel dans le cadre de parcours culturels tout au long de la scolarité.

Outre le soutien de l’Etat aux réseaux et aux lieux conventionnés, celui à la création s’exerce en particulier par la reconnaissance du régime des intermittents. Après les dernières négociations mettant en péril un régime pourtant indispensable, l’orientation du gouvernement qui consiste à maintenir les annexes 8 et 10 dans la solidarité interprofessionnelle, sans créer ainsi de caisse autonome, mais en revanche, en inscrivant le principe du régime spécifique dans la loi pour écarter toute menace sur sa disparition, est une bonne nouvelle.

Mais dans le secteur culturel, là aussi la révolution numérique bouleverse la donne. De nouveaux modes de financement doivent permettre de soutenir la création et de protéger le droit d’auteur à l’échelle européenne.

A mesure que le numérique prend de la place dans nos vies, les questions éthiques relatives aux données et à leur gestion deviennent également un enjeu de premier plan. Un nouveau statut juridique doit permettre d’offrir de véritables garanties aux citoyens en lieu et place des actuelles conditions générales d’utilisations, qui permettent aujourd’hui aux entreprises de revendre librement des données personnelles obtenues gratuitement.

d) Après le 11 janvier, redonner du pouvoir aux citoyens

Il importe de réinventer un récit collectif à l’heure où les citoyens ne se sentent plus représentés et s’éloignent des institutions et de la vie politique.

Pour autant, il y a une envie d’engagement qui reste très vivace à travers les associations, les collectifs, ou encore sur les réseaux sociaux ou à l’aide des nouveaux outils numériques de participation démocratique inventés en Amérique du Sud, et repris aujourd’hui par Podemos. Internet a changé tous les aspects de la vie quotidienne, sauf le fonctionnement de la démocratie. Internet peut donc être un outil pour redonner au citoyen du pouvoir.

Mais pas seulement : instituer des contres pouvoirs plus alertes est aussi une solution : redonner du pouvoir au Parlement, lutter contre l’influence des lobbys, etc. Ces évolutions sont d’autant plus nécessaires alors que notre démocratie traverse une grave crise politique, faite de tensions sociales, religieuses, ou identitaires. A nous de trouver des solutions pour redonner corps à la République.

Nous portons une vision de la République inclusive, laïque, qui lutte contre toutes les formes de discriminations et s’attaque à toutes les inégalités.

A travers notre mouvement, nous voulons redonner du sens à l’engagement en permettant à chaque citoyen d’être mieux acteur du changement.

Le MJS est une organisation d’éducation populaire qui doit redevenir innovante. Elle doit devenir la grande maison des jeunes de la gauche, elle doit être plus ouverte, plus crédible dans l’action comme dans ses propositions.

Nous devons être exemplaires en démontrant comment une organisation politique n’a de sens que si elle est dans la société.