L’idée semble folle et pourtant Olivier Carré et sa majorité municipale l’a fait : la généralisation du stationnement payant dans l’ensemble du centre-ville d’Orléans à compter du 1er mars prochain ! Une pétition circule actuellement pour s’opposer à cette mesure. Je l’ai signée car j’ai trouvé les arguments particulièrement pertinents. D’autres existent et il est possible d’apporter des réponses durables aux problèmes de la ville en matière de transports et de mobilités. Je souhaite ici les exposer.

Voitures

La mesure a été prise en catimini lors du dernier Conseil Municipal alors que les médias et toute l’opposition saluaient la capacité de consensus d’Olivier Carré sur le dossier du quartier Carmes-Madeleine. La décision laisse peu de place à la contestation : applicable en quelques jours et sans consultation en amont. Tout le centre-ville intra-mails est concerné, mails compris c’est à dire les boulevards Jean Jaurès, Rocheplatte, Verdun, Alexandre Martin, Pierre Segelle, Aristide Briand et Saint-Euverte. L’ensemble des places gratuites va disparaître, à savoir 2500 places ! Sans communication préalable les automobilistes vont pouvoir tourner en rond et les contraventions pleuvoir…

Jean-Luc Poisson, conseiller municipal en charge du stationnement, donne tout pour défendre cette mesure impopulaire en prétendant qu’elle va créer plus de rotation de véhicules. J’ai davantage l’impression qu’elle va créer toujours plus de bouchons. Il reconnaît toutefois, dans les colonnes de La République du Centre du 26 janvier, que la ville va « récupérer un peu d’argent » sans annoncer de chiffres évidemment. Nous pourrions en réclamer quand, le même journal local informe que, Orléans Gestion a récolté près d’un million et demi d’euros en 2014 grâce au stationnement en voirie. C’est peut-être cet argument financier, peu mis en avant par la mairie, qui pousse à prendre cette mesure impopulaire. La ville d’Orléans ne manque pourtant pas d’argent, tous les courants politiques le disent depuis plusieurs années… À moins que la promesse de Serge Grouard en 2014 de ne pas augmenter les impôts soit très dure à tenir !

Socialement la mesure proposée par la droite est très discutable. Combien de salariés ou d’habitants vont pouvoir s’acquitter de centaines d’euros pour un abonnement ne correspondant pas à un réel service, notamment pour les stationnements en surface ? Comment trouver une autre solution quand les tarifs de transports en commun gérés par l’agglomération ne cessent d’augmenter ? Quelle prise en compte des personnes les plus précaires, les étudiants, les familles monoparentales, etc. ? Quid des places réservées aux personnes en situation de handicap ? Quelle compétitivité pour les commerçants et artisans qui doivent faire face aux zones commerciales périphériques, qui, elles, bénéficient de grands parkings gratuits ?

Au lieu de résoudre les problèmes liés à la mobilité, cette mesure va en créer de nouveaux !

Néanmoins l’esprit critique envers cette mesure ne doit pas empêcher l’esprit constructif. Des propositions alliant écologie et économie existent ! Il faut avoir une approche plus globale sur les questions liées aux transports. C’est d’ailleurs une erreur, selon-moi, de ne pas confier les politiques de stationnement à la communauté d’agglomération qui a en charge les politiques de transports en commun. La communauté a rédigé un plan de déplacements urbains et, même s’il a bientôt 10 ans, elle bénéficie donc de cette vision d’ensemble nécessaire.

Depuis le début de mon engagement au Mouvement des Jeunes Socialistes et au Parti Socialiste je défends la gratuité des transports en commun pour toutes et tous sans condition. Cette mesure devrait nécessairement s’accompagner d’un développement plus soutenu du réseau de bus et de tramway en ce qui concerne leur cadence, notamment la nuit ou aux heures de pointe, et la desserte des entreprises par exemple. Je crois qu’il est tout à fait possible d’augmenter les tarifs de stationnement, comme ce qui se fait dans d’autres villes françaises, mais l’objectif doit être de décourager l’usage de la voiture pour privilégier celui des transports en commun. L’un ne va pas sans l’autre.

La suprématie de la voiture en ville est un vrai sujet qui doit faire l’objet de la mise en place d’un observatoire du stationnement. À quoi peut-il servir ? À imaginer des solutions pour rendre la voiture moins présente dans le centre-ville, en proposant par exemple de supprimer des places en voirie pour embellir certaines rues ? À trouver des moyens d’accroître la fréquentation de certains parkings en ouvrage ? À travailler sur la piétonnisation de certains axes ? Quoi qu’il en soit la mairie doit davantage consulter et co-construire avec les professionnels, les habitants et les usagers, tout en apportant plus de transparence lorsqu’elle lance un projet !

Les propositions ne manquent vraiment pas : faciliter le paiement à distance par des applications numériques pour le stationnement en voirie, développer les pistes cyclables et les stations de vélos en libre-service dans tous les quartiers d’Orléans et dans les villes voisines, développer la voiture électrique et leur bornes de recharge, développer l’auto-partage et le covoiturage, etc.

Il faut changer nos pratiques collectives. Nous le savons tous et nous ne devons pas en avoir peur. L’opposition au projet de la mairie est un appel à la cohérence ! C’est indispensable pour mener un vrai projet de développement durable à l’échelle locale.