Tout le monde s’accorde à dire que le quinquennat qui s’achèvera au mois de mai prochain est historique. Historique à plusieurs points de vue mais surtout en ce qui concerne la vague terroriste. Paris, Montrouge, Saint-Mandé, Magnanville, Nice, Saint-Etienne du Rouvray sont endeuillées. La France est endeuillée. Le monde est endeuillé. La blessure est encore là car elle est profonde. Il faut malgré tout continuer de vivre. Vivre individuellement mais aussi collectivement. La République doit nous rassembler. La démocratie aussi. Car la démocratie est le meilleur bouclier pour défendre les valeurs de notre République : Liberté, Égalité, Fraternité. C’est justement la démocratie face au terrorisme qui était le thème d’un nouveau colloque organisé hier salle Wagram à Parispar la Fondation Jean Jaurès, la Fondation Européenne d’Etudes Progressistes et Terra Nova. J’y assistais.

Discours de François Hollande, le 08/09/2016

Le président de la République était invité pour répondre aux questions posées en préambule par Ernst Stetter, Thierry Pech et Gilles Finchelstein : qui sommes-nous ensemble, dans notre diversité d’origines, d’opinions, de croyances ? Il y a répondu en prononçant un discours fort, appelant à la cohésion nationale, ne tombant pas dans le piège de la droite et l’extrême droite qui veulent supprimer les libertés. Ça fait du bien !

Assurer la sécurité

Dans son discours François Hollande a d’abord rappelé son soutien et celui du gouvernement aux forces de l’ordre. 9.000 postes ont été créés dans la police et la gendarmerie. La réduction d’effectif dans l’armée a été stoppée. Par ailleurs tout a été mis en oeuvre pour accroître l’efficacité de notre politique de lutte contre le terrorisme : les actes commis à l’étranger par les djihadistes français sont maintenant condamnables, les peines pour les auteurs de crime terroriste sont durcies, la répression de l’apologie du terrorisme est maintenant renforcée notamment sur internet, les moyens d’investigation des juges et des procureurs sont maintenant plus nombreux ainsi que ceux pour lutter contre le financement du terrorisme.

Mais François Hollande a également rappelé que sous sa présidence il n’y aura pas de loi de circonstance car, selon lui, et je partage son avis, les fondements constitutionnels ne sont pas des arguties juridiques, comme l’avait déclaré Nicolas Sarkozy. La liberté d’aller et venir, la liberté d’expression, la liberté de culte, la présomption d’innocence, sont, entre autres, les piliers de notre vie commune. La Constitution et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen sont les piliers de notre vie commune, et il revient au président de la République de les défendre, non de les abaisser.

Protéger la laïcité

C’est justement la liberté de culte, c’est à dire de croire ou de ne pas croire, que François Hollande souhaite particulièrement protéger. En effet, alors que la droite est en embuscade pour remettre en cause ce principe, François Hollande a réaffirmé que toutes les religions ont leur place dans la République dès lors qu’elles respectent la loi. Cela vaut pour l’Islam dont les millions de pratiquants français ne troublent pas l’ordre public et manifestent leur attachement aux valeurs de la République. Ils n’ont rien à voir avec les terroristes.

La refondation de l’École de la République, engagée dès 2012, est l’un des vecteurs pour défendre nos principes et nos valeurs. L’École est donc aussi une réponse au terrorisme. La gauche y a réintroduit l’apprentissage de la laïcité, de la morale civique, renforcé la pédagogie autour de la liberté d’expression, de l’esprit critique pour l’égalité entre les filles et les garçons.

Chacun d’entre nous quelles que soient nos confessions, nos origines, nos convictions, nos conditions d’acquisition de la nationalité française dispose des mêmes droits et est soumis aux mêmes devoirs. C’est la force de la République, de son principe d’égalité. C’est ce qui lui permet de pouvoir intégrer et de pouvoir donner à tous les Français la fierté de l’être.

Renouveler la démocratie

Chacun connaît l’engagement social-démocrate de François Hollande. Il s’est montré très lucide quant à l’état de la démocratie, ici en France, mais aussi ailleurs dans le monde. Beaucoup de critiques sont faites aux démocraties mais elles gagnent toujours les guerres. Pour autant il faut veiller à ce que les dangers extérieurs, comme le terrorisme par exemple, ne puissent pas l’atteindre. Des pistes de réflexions et de propositions ont été évoquées par François Hollande afin de faire évoluer notre démocratie dans les prochains mois et les prochaines années : les consultations locales, les grands débats publics, le non-cumul des mandats dans le temps, etc.