J’emprunte ici le titre d’un article de Libération paru ce jour pour évoquer l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis d’Amérique. Je l’emprunte car il représente ce que beaucoup de progressistes du monde entier ressentent aujourd’hui, de la tristesse, de l’incompréhension parfois, et surtout de la colère. Jusqu’au bout l’élection aura été serrée, chaque candidat ayant recueilli plus de 59 millions de voix chacun. Quelques centaines de milliers de voix les séparent alors qu’en 2012 c’était 5 millions de voix qui permettaient à Barack Obama de l’emporter sur Mitt Romney. Notons par ailleurs qu’Hillary Clinton est en tête du vote populaire mais Donald Trump a remporté davantage de délégués. C’est le « jeu » de la démocratie mais le choc est là pour beaucoup.

Carte électorale de l'élection présidentielle américaine de 2016

Pourquoi ce choc ?

J’y vois une explication principale : très peu de sondages évoquaient cette possibilité. Plus localement, lors des élections régionales, aucun sondage n’avait prédit la réélection de François Bonneau dans le Centre-Val de Loire. Cela doit nous interroger sur les méthodes, mais aussi l’utilité, des sondages d’opinions dans la vie politique à tous les échelons et dans toutes les démocraties. Une autre explication, plus évidente, est à rappeler : Donald Trump représente un glissement de la droite classique vers l’extrême droite. Cela avait déjà choqué lors des primaires. C’est d’ailleurs la même pente que semble essayer de prendre Nicolas Sarkozy en France. J’utilise en conscience le terme « droite » car qu’on m’explique en quoi les « républicains » américains sont différents des « républicains » français ! Les démocrates, avec Hillary Clinton, ont eu le programme le plus à gauche de toute l’histoire du pays. Bernie Sanders ne doit pas y être pour rien.

Et maintenant, un électrochoc ?

Il est maintenant légitime de se demander quelles seront les conséquences, à la fois pour les américains qui risquent de voir un bon nombre de réformes engagés depuis 2008 disparaître (notamment la sécurité sociale), mais également pour le reste du monde. Le « leader du monde » libre peut-il s’appeler Donald Trump et défendre plus de régressions que de progrès ? Dans son intervention ce matin François Hollande a déclaré qu’il fallait « prendre conscience des inquiétudes provoquées par les désordre du monde » et qu’il convenait de trouver les réponses en dépassant les peurs et en respectant les principes qui nous fondent, la démocratie et le modèle sociale. Le 9 novembre est aussi la journée internationale de lutte contre le terrorisme car la mobilisation doit être internationale. Quels vont être les aboutissants de l’élection outre-atlantique sur ce sujet, qui nous concerne particulièrement en France, si la diplomatie et l’armée américaine sont tournées vers d’autres objectifs ?

S’il y a donc de réelles raisons d’être inquiets, d’être déçus, cette élection doit conforter chaque progressiste de continuer le combat car le combat est permanent.