À moins de 50 jours de l’élection présidentielle tout tourne autour des affaires de François Fillon. Il faut dire que, même avec la présomption d’innocence, l’idée même que le candidat qui se voulait être le candidat irréprochable de l’éthique ait pu créer des emplois fictifs profitant à des membres de sa famille, distille le doute sur chaque élu-e de la République. Oui, par cette affaire c’est bien toute la politique qui est touchée. C’est donc de la colère qui me traverse, comme beaucoup d’autres citoyens, à l’évocation de cette histoire.

Je suis d’autant plus en colère quand j’entends les axes de défense du couple Fillon… Ils les exposent avec talent mais dire que le travail d’assistant parlementaire n’est pas un travail tangible est insupportable pour tous ceux qui ont eu l’occasion d’avoir une expérience professionnelle auprès d’élu-e-s, j’en fais partie. Oui, être collaborateur d’élu c’est faire face à une diversité de missions. Non, être collaborateur d’élu ce n’est pas invisible ou juste faire de l’oral. Je l’ai dit au cours des dernières semaines, mais j’en profite pour l’écrire : je ne connais pas un métier, pas un travail, dont il n’existe pas de preuves matérielles !

Quelle colère aussi quand la Justice est remise en cause ! Les problèmes d’éthique traversent tous les partis, il y en a pour tout le monde y compris pour Marine Le Pen qui aurait financé illégalement son parti à l’aide des enveloppes d’assistants parlementaires européens. Pour autant tous ne crient pas au complot, Jérôme Cahuzac s’est présenté au tribunal et a été condamné. Dire aux juges « Passez outre », comme l’a fait hier soir François Fillon en meeting à Orléans, ce n’est pas digne d’un Homme d’État.

La colère s’est donc exprimée hier soir à l’entrée du meeting où, avec des jeunes socialistes, nous avons initié un joli concert de casseroles. Il s’agissait d’un rassemblement citoyen à la fois pour soutenir la Justice, qui doit lever toute la lumière sur cette histoire et lutter contre toute les formes de corruptions, ainsi que pour réclamer le retrait de François Fillon. Nous l’avons voulu respectueux des militants de droite qui se rendaient au meeting : notre but n’était surement pas d’empêcher une réunion de se tenir. D’ailleurs aucun incident n’a été à déplorer.

Outre l’ambiance enfantine dans laquelle nous avons mené cette action j’ai été surpris de constater à quel points les propos d’Alain Juppé en conférence de presse lundi se vérifiaient. La base militante qui soutient le candidat de la droite s’est radicalisée. Nous avons vu de nombreux doigts d’honneur, nous avons entendu de nombreuses insultes. Cela pourrait me faire sourire si l’affaire Fillon n’était pas si grave en conséquences pour tous ceux qui s’engagent en politique.

Je préférerais combattre la droite sur le terrain des idées, sur sa conception de l’éducation, de la sécurité sociale ou du travail, mais François Fillon posait lui même une question cruciale l’été dernier : comment rétablir l’autorité de l’État si les hommes et les femmes politiques ne sont pas irréprochables ? Quand il déclare aujourd’hui qu’on essaye de confisquer le débat aux français, n’a-t-il pas compris que cette affaire entraîne l’ensemble des candidats à la présidentielle à être totalement inaudibles, et pas seulement lui ?! J’ai entendu dire que cette affaire allait profiter à l’extrême droite, je le crois malheureusement, mais elle va aussi et surtout renforcer les abstentionnistes et affaiblir la démocratie. Je le regrette.

Voici une vidéo du concert de casseroles que j’ai publié sur Facebook :

https://www.facebook.com/yann.chaillou/videos/1293881804013998/