J’étais hier au colloque organisé par la Fondation Jean Jaurès, CEVIPOF, Ipsos et Le Monde pour poser une question simple : que s’est-il passé lors des élections en 2017 ?

Au delà des excellentes tables-rondes sur l’état de la démocratie avec les analyses de Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, basées sur l’enquête électorale française 2017 menée par les organisateurs du colloque auprès de plus de 24.000 personnes, ou sur les quatre-perdants de la présidentielle (Hamon, Fillon, Mélenchon, Le Pen), une table-ronde m’intéressait particulièrement : celle sur les primaires. À noter au passage que Brice Teinturier a écrit un livre dont l’objet est de s’intéresser à une certaine catégorie d’électeurs qu’il a vu émerger ses dernières années : « Plus rien à faire, plus rien à foutre ».

Les primaires étaient donc l’objet d’une des tables-rondes du colloque, sujet qui m’intéresse énormément, et peut être un peu plus depuis que j’ai quitté le Parti Socialiste, pas seulement parce que j’y ai beaucoup participé en janvier 2017 (à la fois en soutenant Manuel Valls et en organisant le scrutin à Orléans) mais avant tout parce que je crois toujours que c’est le meilleur mode de désignation d’un candidat, que ce soit au niveau national ou local, et qu’il revient au parti la charge de réfléchir à un projet commun… Les intervenants ont permis de faire avancer ma réflexion sur le sujet. Il faut bien avouer que dans l’ère du temps il n’est pas bien vu de soutenir ce mode de désignation et que cela devient compliqué de disposer de quelques arguments. En voici néanmoins deux :

  • Il peut arriver que le candidat désigné ne soit pas un acteur central du parti. Ce fut le cas pour François Fillon, perçu par les français comme trop à droite par rapport à LR, et pour Benoît Hamon, perçu comme trop à gauche par rapport au PS. Mais ce ne sont pas les seuls : si François Hollande était plutôt central au sein du PS en 2012, Ségolène Royal ne l’était pas en 2007 contrairement à Laurent Fabius. Pour autant est-ce dû au mode de désignation plus qu’à la sociologie de ceux à qui il appartenait de désigner ces candidats, comme l’a fait remarqué ce jeudi 7 septembre Olivier Duhamel, professeur des universités à Sciences Po et président de la Fondation nationale des sciences politiques ? Il est clair que ce n’est pas dû au mode de désignation.
  • Les partis qui ont choisi ce mode de désignation ont pris à coeur, peut-être trop d’ailleurs, de réaliser ces scrutins comme de vrais scrutins de la République. Anne Levade, professeure à l’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne mais surtout présidente de la Haute autorité de la primaire de la droite et du centre en novembre 2016, exposait hier son expérience dans le domaine en expliquant que les nombreuses règles prévues pour l’organisation de cette primaire avaient été consignées dans un code électoral propre à cette primaire. Une vraie machine de combat, qui n’avait oublié qu’une chose, et pour cause : la possibilité que le candidat désigné en novembre 2016 soit amené à se retirer de la course politique en février 2017… Il est forcément plus simple pour un électeur de droite de remettre en cause l’organisation de la primaire que le choix politique qui en est sorti. Pourtant c’est bien la deuxième chose qui a terminé par poser problème après les révélations sur François Fillon.

Alors que s’est-il passé ? Que s’est-il passé durant ces élections, la présidentielle et les législatives, au point qu’on ne croit plus aux primaires, qu’on ne croit plus aux partis, mais qu’on aime toujours autant la politique ? Une révolution de velours ?