Il y a une semaine j’ai tweeté au sujet des élections étudiantes qui ont eu lieu à l’Université d’Orléans. Les proportions que prend ce tweet aujourd’hui, et les nombreuses réactions qu’il suscite, m’entraîne à écrire davantage sur le sujet.

Sur le contexte, d’abord. Mardi 27 mars 2018, 17.927 étudiants étaient appelés à désigner leurs représentants au Conseil d’Administration de l’Université, à la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire ainsi qu’à la Commission de la Recherche. Le taux d’abstention s’élève à plus de 90% ! Dès lors, la représentativité des élus est plus que relative. La constance du taux d’abstention au fil des élections étudiantes devrait d’ailleurs poser question…

Sur l’identitarisme. C’est probablement la première fois à Orléans qu’une liste est présentée par les Étudiants Musulmans de France (EMF) aux élections étudiantes car ils soutenaient auparavant l’Union nationale des étudiants de France (UNEF)… On me dit depuis plusieurs jours que « ce qui compte c’est le programme ». Je réponds que l’étiquette a également son importance : elle montre quelle vision on a de la société, ce que l’on veut y défendre. Je combats l’essentialisme. Nos différences n’empêchent pas d’appartenir à une seule et même communauté de destin. J’aime la République et je crois en la laïcité, cette liberté de croire ou de ne pas croire qui renvoie la pratique religieuse à l’intime.

Alors oui je m’inquiète de voir l’EMF, bien que présente partiellement sur les 3 conseils centraux, devenir la troisième force étudiante à l’Université d’Orléans avec 20,84% pour le CA, 20,39% en disciplines juridiques, économiques et de gestion et 20,03% en sciences et technologies pour la CFVU ! J’en profite pour faire mon mea culpa puisque lorsque j’ai tweeté mardi dernier les tendances donnaient l’EMF en deuxième position, or ils sont finalement en troisième position, à la fois en nombre de voix et en nombre d’élus. Au vu des éléments de contexte, ceux qui crient au « déploiement des islamistes » se fourvoient. Dans ce cas il s’agit bien d’un repli communautaire.

Sur la récupération, ensuite. De nombreux twittos issus de l’extrême droite ont retweeté et commenté mon message… Ce serait mentir que de dire que je ne m’y attendais pas mais l’instrumentalisation qu’ils en font (j’en veux pour preuve qu’ils n’ont pas pris la peine de regarder si j’étais encore adhérent du PS ou non) est à vomir car ils servent une cause que je n’approuve évidemment pas. Par ailleurs les attaques personnelles n’ont rien à faire dans un tel « débat », pas plus que les intimidations. Je tiens à signaler que je poursuivrai dans les jours à venir l’ensemble des twittos ayant proférés insultes, menaces ou diffamations à mon encontre.

Tout ce cirque qu’ils organisent ne me fera cependant pas fléchir : au risque de passer pour ce que je ne suis pas, je ne me tairai pas pour défendre mes valeurs. D’autres préfèrent s’accommoder de quelques communautarismes, ce n’est pas mon choix.  Mon engagement en la matière n’est ni variable, ni sectaire. Je ne réagis pas en fonction d’un culte, je n’apprécie pas plus l’existence de mouvements politiques juifs ou chrétiens, mais en fonction de logiques identitaires que je combats.

Sur les suites à donner, enfin. Les causes de ce repli communautaire, à commencer par le simple fait de présenter une liste à ces élections étudiantes, sont à identifier et analyser pour mieux y répondre. Les logiques identitaires et communautaires sont complexes et donc assez longues à déconstruire. Tout discours ou toute réaction simpliste ne ferait que les renforcer. C’est pourquoi je voulais aussi clarifier plus longuement mon commentaire suite à ces élections étudiantes.