Voilà presque un an que je ne suis plus adhérent d’aucun parti politique mais voilà presque un an que je prends le temps de réfléchir, de lire, d’échanger avec des amis issus de tous les horizons et d’agir pour les valeurs que je défends à travers des associations constructives que certains d’entre vous connaissent bien. Je vous l’ai souvent dit au cours de ces derniers mois : l’engagement politique ne me semble pas être une affaire de parti mais avant tout de passion. L’engagement c’est une force en chacun de nous pour changer ce qui est injuste.

Beaucoup le savent, ma conception des partis politiques a changé au cours des derniers mois. Je crois qu’il faut pouvoir avoir la possibilité d’identifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, de l’analyser et de le dire. Je ne me suis pas assez remis en question dans mes précédents engagements. Je sais maintenant d’expérience que c’est essentiel pour se sentir toujours en phase avec ses valeurs. Ma conception des partis politiques a aussi changé parce que j’ai grandi depuis le jour où j’ai adhéré pour la première fois à un parti politique. Je sais par exemple quelles sont les limites des partis dans la réflexion et la production d’idées de nouvelles, notamment au niveau local. Je connais aussi l’intensité des luttes intestines quand il s’agit de répartir les postes à responsabilités. Bref, les raisons d’adhérer aujourd’hui ne peuvent plus être les mêmes que celles d’hier. Les envies non plus.

Il y a presque un an je souhaitais militer pour une construction nouvelle : une gauche qui s’assume clairement réformiste, et qui pouvait participer à la majorité présidentielle autour d’Emmanuel Macron. Force est de constater que les rares essais en la matière n’ont pas été très fructueux.

Or dans un an auront lieu les élections européennes pour désigner celles et ceux qui nous représenteront pour les 5 prochaines années. Les députés européens auront beaucoup de travail pour redonner de l’espoir en l’idée européenne : d’abord en faisant du Parlement européen une véritable instance de décision et non une simple chambre d’enregistrement de la Commission européenne ; puis en apportant des réponses concrètes aux problématiques du réchauffement climatique, de l’immigration ou de la réindustrialisation ; et enfin en imaginant ce que pourrait être l’Europe plus sociale et plus fédérale en matière d’économie, d’agriculture, de défense, de diplomatie, etc.

Dans l’optique de ce combat pour réenchanter la construction européenne j’ai décidé aujourd’hui d’adhérer à La République En Marche, et notamment au comité d’Orléans. Je souhaite effectivement user de toute mon énergie pour défendre, lors de ces élections européennes, cette famille politique dont le discours se rapproche le plus de ma pensée : le fédéralisme européen. En 2017 Emmanuel Macron disait en préambule de son programme que nous n’aurons pas plus de chances de peser seuls face à la Chine, à la Russie, aux États-Unis (mais aussi face à Google, Apple, Facebook, et tous les géants du numérique) plutôt que rassemblés avec 500 millions d’Européens. Il s’agit de rendre plus forte l’Europe par sa capacité à protéger et à investir pour demain. Il avait raison et ses propositions faites durant l’élection doivent se concrétiser : Buy European Act, lutte contre les arrangements fiscaux entre États et multinationales, généralisation d’Erasmus, création de marchés uniques du numérique et de l’énergie, etc. Quelle autre force que celle des citoyens de toute l’Europe pour promouvoir ces idées ? L’enjeu des élections européennes est immense et un mouvement profond, à la base, doit s’engager, dès maintenant, et en partant de la France, pour convaincre chaque citoyen, un à un, que l’Europe est essentielle dans une mondialisation multidimensionnelle. Ce sera le sens de mon engagement à La République En Marche !

Le discours du président de la République à Strasbourg le 18 avril dernier a fini de me convaincre de la nécessité de s’engager derrière cet objectif européen. Il a rappelé devant les députés européens ses priorités pour relever les défis du moment : soutien à la création d’un fonds européen destiné à aider les collectivités locales accueillant des réfugiés, soutien à la création d’une taxe qui corrige les excès les plus choquants, soutien à la mise en place d’un prix-plancher et d’une taxe aux frontières pour le CO2, etc. Emmanuel Macron n’attend pas les élections européennes pour travailler à une Europe plus forte, plus juste mais aussi plus démocratique. En effet lors de la présidentielle il proposait de donner la parole au peuple à travers des conventions citoyennes. Le 17 avril il a lancé la première d’entre elles à Épinal avec près de 300 citoyens. Tout citoyen et organisme peut d’ailleurs proposer d’en organiser : il s’agit de tous nous rassembler dans nos diversités afin de redonner du sens au projet commun européen. La question est simple : quelle est notre Europe ? En parallèle, et pour soutenir cette action présidentielle, La République En Marche a lancé une grande marche pour l’Europe. Des séances de porte-à-porte sont organisées dans tous les territoires pour récolter l’avis des citoyens. J’y participerai.

J’ai déjà dit que le plus important me semblait d’être fidèle à ses valeurs et non à un parti. Aussi, je refuse que l’on fasse croire qu’en adhérant à La République En Marche il y aurait un quelconque renoncement sur le terrain des valeurs. Au contraire, sur l’Europe par exemple, je pense pouvoir les faire vivre puissamment. Pour autant j’ai envie de porter une voix forte sur des sujets qui me semblent aujourd’hui minimisés au sein de La République En Marche tels que la défense de la laïcité ou encore la démocratie permanente. Je m’en voudrais de ne jamais adhérer alors que chacun sait que mes idées sont proches de ce que peut défendre Emmanuel Macron sur un certain nombre de thématiques. Je crois qu’il faut avoir, à un moment donné, le courage d’y entrer, alors que la dictature des sondages imposerait plutôt les manoeuvres d’équilibristes. Le courage aussi d’en partir si les choix sont trop nombreux à ne plus s’inscrire dans le spectre de valeurs défendu.

« L’homme absurde est celui qui ne change jamais. » Georges Clemenceau, discours devant le Sénat, le 22 juillet 1917.