Tout a commencé vendredi 3 novembre 2017. Ce jour là j’arrive à la gare de Nantes vers dix heures. Mon entretien est prévu à midi trente. C’est la suite logique d’une procédure de recrutement bien huilée : publication de l’annonce sur Facebook et exercices à réaliser en ligne pour les pré-sélectionnés.

Je grille le temps en attendant mon tour. Puis mon entretien est avancé. Je rentre dans le bureau. Il est là, François de Rugy, député de la première circonscription de Loire-Atlantique, à Nantes, Orvault et Sautron, et président de l’Assemblée nationale. La discussion est dense et concerne évidemment le champ de mes compétences professionnelles mais aussi de mon parcours politique.

Mon recrutement quelques jours plus tard relancera de vieilles rancœurs de quelques anciens « camarades » exacerbant leur dogmatisme et leur mépris de la réussite des jeunes. On ne peut pas dire que je tienne mon engagement de mes racines familiales ou que je sois né avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Mes amis savent que je connais la précarité sous beaucoup de ses formes.

Je me suis très rapidement adapté à mon nouveau poste d’assistant parlementaire. J’y mets toute mon énergie. Le travail est polyvalent : communication, interventions, secrétariat, rendez-vous ; et les demandes sont nombreuses et incitent à approfondir des sujets très variés : chantiers de la Justice, projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, bien-être animal, réunification de la Bretagne, énergie fossile, etc.

Vous le savez mon patron a été nommé ministre de la Transition énergétique et solidaire mardi. Son entrée au Gouvernement marque un tournant dans sa vie politique. Écologiste de longue date, il ne pouvait pas refuser d’agir. Il a pris ses responsabilités alors que sa situation était très confortable. Malgré tout ce que ses détracteurs pourront dire, François de Rugy a fait un choix courageux. J’imagine d’ailleurs sa frustration de ne pouvoir continuer le travail pour transformer et moderniser l’Assemblée nationale. Reconnaissons qu’il aura fortement contribué à améliorer l’efficacité de nos institutions, enjeu très important pour notre pays.

Durant ces 10 derniers mois à travailler pour lui, j’ai vu un homme humble, attentif aux préoccupations quotidiennes des citoyens, exigeant quant à la qualité des réponses qu’on peut leur apporter. J’ai surtout constaté son pragmatisme. J’assume de ne pas toujours avoir eu une vision positive et constructive de l’écologie, alors même que les consciences, y compris la mienne, ne cessent d’évoluer en la matière. Sa capacité d’écoute de l’ensemble des acteurs sera à mon sens l’une de ses principales qualités en tant que ministre pour créer le consensus et débloquer des dossiers difficiles. C’est à mon sens la seule manière d’assurer une transition écologique concrète, durable, partagée par toutes et tous.

En ce jour particulier où des marches pour le climat sont organisées partout en France, je sais qu’en reprenant le flambeau de Nicolas Hulot, François de Rugy aura la force politique nécessaire pour faire avancer l’écologie, notamment dans les institutions de l’État, et qu’il aura la force de conviction nécessaire pour répondre comme il se doit aux défis environnementaux qu’aucune autre génération auparavant n’a connu.