Michel Ricoud, conseiller municipal et métropolitain d’Orléans, président de la Confédération Nationale du Logement dans le Loiret, militant du Parti Communiste Français et retraité de La Poste, est intervenu devant le think-tank pour répondre à la question « Vivre Orléans au quotidien : comment améliorer notre qualité de vie ? » en exposant sa vision de la politique du logement.

Il nous a tout d’abord rappelé qu’ont lieu en ce moment, jusqu’au 15 décembre, les élections au sein des organismes de logement social pour désigner les représentants des locataires dans les conseils d’administration de ces organismes. Il a ensuite évoqué plusieurs solutions selon que les problématiques soient nationales ou locales.

Plus de logements sociaux

Orléans n’a pas à rougir de ses logements sociaux. Il y a aujourd’hui environ 26% de logements sociaux dans la ville, principalement répartis à La Source , à l’Argonne mais aussi à Saint-Marceau, à la Madeleine et en centre-ville. Le logement social n’est pas un gros mot, ce n’est pas des dealers et des problèmes. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que des riches en centre-ville, où il y a aussi beaucoup de logements dégradés et insalubres. Il faut ainsi saluer la rénovation aux Carmes. En centre-ville on a su mixer l’habitat avec des propriétaires et aussi une part de logement social. Les principaux bailleurs sur Orléans sont les Résidences de l’Orléanais, Logemloiret, Vallogis, ICF 3F , et Pierres et Lumières.

Dans la métropole plusieurs villes sont en dessous du seuil de 20% de logement social, notamment Olivet, Saint-Pryvé-Saint-Mesmin, Chécy et La Chapelle-Saint-Mesmin. En 2017, il y a eu 10 938 demandes de logements ou de mutations tandis qu’il n’y a eu que 264 nouveaux logements sociaux en un an à Orléans (et 402 dans le Loiret). Il y a de nouveaux logements sociaux programmés quartiers comme à Saint-Cyr-en-Val ou au Clos de la Fontaine à Orléans, et c’est une bonne chose, mais il existe des disparités importantes au sein même de la métropole. Pour autant, nous ne sommes pas officiellement en zone tendue.

Il y a une source d’inquiétude, c’est le nombre de logements qu’il est prévu de démolir dans les prochains mois. Ce nombre est de 477 (126 aux Chaises à Saint-Jean de la Ruelle, 281 avec la T17 à La Source et 70 au Clos Boudard à l’Argonne à Orléans). Par ailleurs, il y avait 10.000 familles sous le seuil de pauvreté il y a dix ans à Orléans et ce nombre aurait maintenant doublé. En 2017 il y a eu 256 expulsions locatives. La « CCAPEX », commission départementale chargée de piloter la prévention des expulsions, permet d’orienter les personnes vers le Fonds Unifié Logement (FUL), d’échelonner les dettes locatives, etc. 90% des gens expulsés l’ont été principalement pour des raisons de santé, économiques ou personnelles (séparation, etc.).

On considère qu’il y a 6.000 logements vides à Orléans. L’une des problématiques est de savoir comment on peut les remettre en état pour les mettre en location. Et l’une des solutions simple à mettre en œuvre est de construire plus de logements en PLAI (Prêt Locatif Aidé d’Intégration), réservés aux personnes en situation de grande précarité.

Au niveau national, la baisse de 5€ de l’Aide Personnalisée au Logement (APL) a entrainé une réduction des moyens en faveur de la rénovation et l’entretien des logements. Par ailleurs, la mise en place en 2015 du Fonds National des Aides à la Pierre (FNAP) financé par organismes HLM sonne la fin des aides à la pierre. Quant à la loi ELAN elle va supprimer 1,5 milliards d’euros au financement du logement social. Ces données ne sont pas rassurantes.

Plus de concertation

Quand on a construit des HLM, on a répondu à des besoins mais aujourd’hui on est confronté à des soucis. Le Grand Projet de Ville de la Source a eu du bon. La CNL a approuvé les rénovations même si elle a désapprouvé la hausse de 91% des loyers qui a quand même été compensée par la baisse des charges due notamment à la rénovation énergétique. Par ailleurs, cette rénovation a permis une amélioration des conditions de logement et d’environnement. Mais les problèmes d’insécurité et de trafics divers se sont déplacés dans d’autres quartiers.Toujours au sujet des démolitions dans le cadre du Grand Projet de Ville, la CNL estime qu’un quartier n’est pas figé dans le temps et doit évoluer

Le regroupement des organismes HLM, décidé par la loi ELAN, risque d’éloigner les locataires du centre de décision. Les futurs organismes devront s’occuper de 12.000 logements. Les Résidences de l’Orléanais gèrent plus de 9.000 aujourd’hui. La proximité, la réactivité et le contact rapide, c’est important. Les représentants des locataires sont minoritaires (4/23) au conseil d’Administration des Résidences de l’Orléanais.

La destruction de la T17 (Pierres et Lumières), par exemple, se fait sans l’avis des gens. Ça doit être un plus pour les habitants, pas juste pour l’image de la métropole. La Confédération Nationale du Logement a donné des informations aux locataires avant même le bailleur ! Un locataire doit être préparé. On ne peut pas apprendre ce genre de projet 4 mois avant son lancement… Il semblerait qu’avec un locataire il y ait moins de précaution qu’avec un propriétaire.

En 2005 un projet de relogement proposé par Pierres et Lumières, avec une augmentation de 30% des loyers pour les locataires et une exonération de la Taxe d’Habitation pour le bailleur, a été soumis au vote des locataires à travers un référendum co-organisé par Pierres et Lumières, la Ville d’Orléans et la Confédération Nationale du Logement. Il y a eu 70% de participation et 93% des votants ont refusé le projet. Cet exemple doit nous inspirer pour plus tard. Aujourd’hui il y a une difficulté à se mobiliser au sujet de la T17. Un sondage réalisé auprès de 40 locataires a permis de dresser une liste de souhaits : les problèmes d’emplois et de santé passent avant le logement qui est secondaire. Il y a aussi une difficulté linguistique pour certains et personne ne veut vraiment s’engager. Le combat prend une autre forme…

Nonobstant le manque de concertation le logement HLM doit évoluer. Les mamans et les personnes âgées aiment les pavillons. La Bécasse à La Source est un exemple en terme de logements HLM car il est formé autour de petits îlots, avec des balcons et des jardins. La mixité n’est pas facile à mettre en place. Le Grand Projet de Ville a apporté en plus, mais est-ce qu’on a apporté de la mixité… ?

Questions-réponses

Suite à son intervention, Michel s’est prêté à un jeu de questions-réponses avec les participants :

  • Sur la mise en place d’une politique de mixité
    Elle nécessite de déconstruire l’image des quartiers et aux communes réticentes de s’y mettre, car il faut avancer avec toutes les communes de la métropole.
  • Sur le doublement des constructions en PLAI
    Avec le dispositif de Réduction de Loyer de Solidarité (RLS), il y a moins de locataires avec des APL, et donc moins de baisse de loyers, ce qui signifie davantage de financement pour construire.
  • Sur les logements pour les personnes en situation de handicap
    C’est un sujet important. À Saran il y a un projet de logement 100% adapté.
  • Sur les logements vacants
    Il faut peut être se pencher sur les critères pour être en zone tendue.
  • Sur l’hébergement d’urgence
    Les situations délicates se succèdent. Pas plus tard que la semaine dernière, une femme était à la rue avec ses 3 enfants. Elle a été orientée vers Tours car il existe là bas une structure d’hébergement d’urgence 24h/24. C’est ce genre de structure qu’il faudrait multiplier sur tout le territoire. À Orléans ce sont principalement le Relais Orléanais et le Centre Communal d’Action Sociale qui gèrent ces situations, mais ils n’ont pas à ce jour les moyens d’accueillir 24h/24.

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