L’Union européenne est au coeur de nos vies. D’elle, dépend notre destin commun. Ce qu’elle sera capable de faire pour répondre au défi écologique est scruté par les jeunes. Ce qu’elle sera capable de faire pour résister à l’obscurantisme et au repli sur soi est scruté par les jeunes. Ce qu’elle sera capable de faire pour ancrer nos cultures singulières dans une culture européenne est scruté par les jeunes.

D’autres ont parlé mieux que moi de cette campagne pour élire les représentants et représentantes au Parlement européen tant elle est incroyable de bêtises… La gauche française a été incapable de se rassembler alors que c’est bien le bloc de gauche, et seulement le bloc de gauche, qui pourra enfin réellement changer l’Europe. Certaines têtes de listes ne savent même pas dire dans quel groupe, dans quel bloc, leurs élus siègeront au sein du futur Parlement européen. L’écologie n’est devenue dans cette campagne qu’un moyen opportuniste de gagner des voix alors que c’est bien d’une vision globale, politique et volontariste qu’il nous faut pour changer de paradigme. Les maires et leurs services techniques municipaux se sont décarcassés pour permettre l’égalité d’accès aux panneaux électoraux entre les 34 listes alors que toutes ne s’affichent pas (soit il y en a trop, soit il faut revoir ces règles absurdes), il y a là un profond irrespect pour le travail fourni par les communes. Quant aux débats télévisés, ils ont trop souvent contribué à nourrir un débat national, parfois même une haine contre le président de la République, alors que c’est bien un débat européen qu’il nous faut. Il n’y a que le débat organisé par l’EBU, entre les candidats et candidates pour la présidence de la Commission européenne, qui a été respectueux et efficace.

Cette campagne, plus que d’autres me semble-t-il, n’incite pas à voter. Je n’aimerais pas être à la place d’un jeune qui viendrait d’avoir 18 ans et qui vivrait ce dimanche 26 mai son premier vote. Je n’aimerais pas être à sa place car tout me pousserait à ne pas voter, à ne pas choisir.

Pourtant jamais dans notre histoire moderne nous n’aurons eu autant besoin d’Europe. Face aux géants du numérique qui n’ont que peu d’intérêt pour nos valeurs démocratiques nous avons besoin d’Europe. Face à Donald Trump qui préfère dresser des murs que de créer des ponts, sur la question migratoire par exemple, nous avons besoin d’Europe. Face à Vladimir Poutine qui piétine sans cesse les droits humains nous avons besoin d’Europe. Face à la Chine qui menace depuis trop d’années notre économie nous avons besoin d’Europe. Face à ce défi majeur pour la survie de l’humanité que représentent les changements climatiques, que nous connaissons aussi ici à Orléans, nous avons besoin d’Europe.

L’Europe, à Orléans, a un impact. Grâce à Jean Zay, dont nous allons célébrer la mémoire en novembre prochain en recréant son festival de Cannes 1939 annulé par le déclenchement de la guerre, nous savons que l’Europe, et tout ce qu’elle comporte, est si fragile. Il nous revient, à nous tous, Européens convaincus, cette impérieuse nécessité de le rappeler. Il faut également rappeler que l’Europe est concrète : elle a participé au financement de la deuxième ligne de tramway, du Studium, l’agence régionale dédiée à la Recherche et basée à l’Hôtel Dupanloup, du nouveau Fonds régional d’art contemporain au niveau du boulevard Rocheplatte, de l’équipement informatique de la médiathèque de La Source, du réaménagement de la place Mozart à l’Argonne, des itinéraires cyclables de la Loire à vélo qui traversent la ville, etc. Il manque probablement des choses, à commencer par une Maison de l’Europe pour proposer un espace de ressources, d’échanges et d’activités, mais l’Europe est là, depuis longtemps.

Ce dimanche 26 mai il faudra donc, malgré tout, faire un choix et la croissance exponentielle de listes à chaque élection européenne semble permettre d’élargir le spectre. Je n’oserais pas résumer ce choix à un duel, contrairement à ce que certains insinuent opportunément, mais en lisant bien chaque profession de foi on peut aisément constater que deux grands courants se dessinent : d’un côté celles et ceux qui veulent l’Europe en la réformant (et là chacune et chacun peut en juger le meilleur dosage et la meilleure volonté de le faire) et de l’autre celles et ceux qui veulent en sortir. Bref, ce choix c’est finalement un choix pour ou contre l’Europe. Et plus que jamais je crois que nous devons voter pour.