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Nous sommes très heureux avec Marie-Claire d’avoir participé au projet photographique du talentueux et engagé David Templier. Voici nos réponses à ses questions :

Comment vivez-vous ce confinement ?

Marie-Claire et moi vivons seuls. Nous avons décidé de nous retrouver peu de temps après le début du confinement afin d’anticiper le phénomène d’isolement et de solitude. Je suis donc allé chez elle, aux Blossières.

Avouons-le, ce confinement ne nous encourage pas vraiment à modérer nos apéritifs.

Nous partageons par ailleurs le même engagement associatif, ce qui nous permet de réfléchir sur l’avancement de nos projets. Un peu de sérieux ne fait pas de mal.

Marie-Claire étant aussi professeure de musique en collège, je profite de ses partitions de piano pour m’improviser chanteur du soir. Elle a hâte de retrouver ses élèves…

Tout cela nous permet de vivre plutôt bien ce confinement, aussi exceptionnel qu’inattendu soit-il.

Quels bénéfices en retirez-vous ? Quels sont les inconvénients ?

Vivre ce confinement entre amis renforce nos liens et sûrement notre esprit de solidarité. Beaucoup n’ont pas cette chance. Dans l’immeuble nous n’avons pas ressenti d’élan d’entraide. À titre d’exemple, avant mon arrivée, aucun voisin n’est venu proposer à Marie-Claire, non-voyante, d’effectuer ses courses alors que sa situation est connue. Nous espérons néanmoins qu’il existe dans le quartier, et plus largement à Orléans, des initiatives positives.

Saluons au passage la révolution numérique qui nous permet de garder un oeil sur le monde et une oreille attentive pour tous nos proches. Elle a aussi ses défauts et nous devrons être très vigilants face aux excès de son utilisation.

Étrangement nous ne lisons pas de la même manière. Alors que Marie-Claire est toujours aussi friande de lecture (déjà 8 livres depuis le 16 mars !), j’ai de mon côté plus de mal à me plonger pleinement dans un livre. Difficulté que je pense dû au manque de relations sociales : en ne sortant pas, on s’enrichit moins, on partage moins et donc on a moins envie. Moins envie de loisirs créatifs, de cuisine ou de lecture. Cette période nous apprend que les autres sont indispensables : sans eux, pas d’inspiration.

Même accompagné d’un téléphone et d’un ordinateur, l’être humain n’est pas fait pour être seul.

Pensez-vous qu’à l’issue de cette crise sanitaire, le monde changera ? Que voudriez-vous comme changement ?

Il nous semble essentiel d’utiliser cette période de confinement pour réfléchir. Même si les perspectives sont, au pire, inexistantes, au mieux, peu réjouissantes, il nous faut pouvoir rêver et espérer. Réfléchir à nos projets individuels, à notre place dans la société, au fonctionnement même de notre société. Le premier changement serait donc de pouvoir prendre du temps pour réfléchir collectivement. Repensons à l’échec de Nuit Debout… Imaginons de nouveaux espaces de réflexion.

Alors que le système économique est fragilisé, serons-nous capables de le repenser dans son intégralité et d’une autre manière ?

Alors que le système de santé a été négligé, serons-nous capables de passer des applaudissements à l’action ?

Alors que la « continuité pédagogique » fait ressurgir les inégalités du système éducatif, serons-nous capables de réagir ?

Le monde est-il prêt à changer ?