« I am sailing stormy waters, to be near you, to be free. » François Ozon, aidé d’une pellicule 16 millimètres et de titres musicaux évoquant l’époque perdue de cet « Été 85 » où semblait régner une certaine forme de liberté et d’insouciance, signe un nouveau film remarqué et remarquable.

On est très heureux de retrouver The Cure, le groupe de rock britannique que l’on n’a pas besoin de présenter ! Le choix d’utiliser In Between Days comme musique du film, en plus d’ajouter de l’épaisseur à cette romance de deux adolescents si éloignés l’un de l’autre, place évidemment l’histoire de ce teen movie à l’époque où elle se déroule mais, en même temps, la rend incroyablement moderne et donc accessible à toutes et à tous.

Avec ce film François Ozon dérange. Il dérange car il s’emploie à nourrir un suspens qui sort de l’ordinaire, de ce que l’on est habitué dans les drames : dès les premières secondes du film, on sait que David va mourrir. Il dérange aussi car il n’approfondit ni le personnage d’Alexis, brillamment interprété par Félix Lefebvre, qui est mystérieusement fasciné par la mort, ni le regard de David, interprété par Benjamin Voisin que l’on découvre également, sur leur relation, ni les différences sociales qui séparent incontestablement les deux personnages.

Pourtant, le film est une réussite car le suspens est placé ailleurs et nous incite à nous poser plusieurs questions. Basiquement d’abord : Comment David va mourrir ? Alexis y sera-t-il pour quelque chose ? Comment va-t-il surmonter ce décès ? Le surmontera-t-il ? Et puis plus en profondeur : Comment distinguer et reconnaître nos sentiments ? Jusqu’où l’amour peut-il nous emmener ? Et Alexis va-t-il tenir sa promesse de danser sur la tombe de David ?!

François Ozon a décidé de réaliser un film sensible, de raconter une histoire d’amitié et d’amour discrète, et d’aller à l’essentiel : montrer que la mort est à l’amour, ce que l’amour est à la vie, une source d’énergie. On en a cruellement besoin en ce moment.

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