Une présentation de l’avancement du projet d’aménagement urbain sur le site de l’ancien hôpital Porte Madeleine, ZAC à la confluence des quartiers Carmes et Madeleine, a été organisée mercredi dernier à destination des habitants.

J’y étais et je retiens tout d’abord que le maire d’Orléans garde ses envolées lyriques sur ce grand projet pour les élus et pour les journalistes : Serge Grouard n’était pas présent à cette réunion, somme toute importante… C’est dommage !

Sur le fond, même si des précisions resteront à apporter, je me félicite de la restauration annoncée de la chapelle Saint-Charles, intégrée à l’enceinte de l’ancien hôpital général, ainsi que l’esquisse d’un parking pour les étudiants. Lors des dernières élections, avec Sophie Rouquié, nous avions en effet décidé de mettre en avant ces sujets, considérant que Monsieur Gabelle et Madame Labadie, pourtant conseillers départementaux sortants en situation de cumul au conseil municipal, n’en étaient pas des défenseurs efficaces. 

Le sujet de l’Université en centre-ville est un vieux serpent de mer mais c’est un axe majeur pour le développement de tout Orléans. 

Néanmoins, l’arrivée prochaine de la faculté de Droit, Économie, Gestion (DEG) dans le centre-ville, idée à laquelle je souscris depuis longtemps, ne doit pas se faire à n’importe quel prix.

Je ne suis pas convaincu par l’ambition universitaire de l’équipe municipale qui n’a que l’arrivée de l’École spéciale des travaux publics (ESTP) à annoncer. A-t-on vraiment, à Orléans, une tête chercheuse pour attirer de nouvelles formations ? A-t-on vraiment réfléchi au futur campus de La Source sans la faculté DEG ? Je ne le crois pas.

Je ne suis pas convaincu par l’idée, émise par un habitant et reprise par un élu, d’implanter un skate park à proximité du campus Madeleine. La pratique du skateboard, notamment aux derniers Jeux Olympiques où l’âge moyen du podium était de 14 ans, nous montre que ce serait une erreur en plus d’être réducteur pour les jeunes. Les étudiants ont en réalité besoin de bien plus et il serait plus logique de voir un skate park boulevard Alexandre Martin à proximité immédiate des lycées Benjamin Franklin, Jean Zay, Pothier et du collège Jeanne d’Arc.

Je ne suis pas convaincu par la volonté d’offrir une vie étudiante optimale. Il n’a d’ailleurs pas été précisé où seraient situés ni la résidence ni le restaurant universitaires du CROUS. Le nombre de places au sein du parking n’a pas été communiqué. Depuis l’élection de Serge Grouard en 2001 aucune politique en faveur de la vie nocturne n’a réellement vu le jour. Plus inquiétant : il est déjà difficile de se faire soigner dans la maison de santé Madeleine-Brès, pourtant nouvellement ouverte dans une partie des bâtiments de l’ancien Hôtel Dieu.

Je ne suis pas convaincu par la « stratégie » commerciale portée pour la rue des Carmes car elle semble tout simplement inexistante. Les élus sont incapables de définir « les commerces de qualité » qu’ils appellent de leurs voeux. Ils veulent « moins de shoarma » et « répondre davantage aux besoins des habitants ». C’est tout à leur honneur, même si on peut regretter un manque d’anticipation, mais ils ne doivent pas oublier que l’artisanat d’art qu’ils souhaitent intensifier ici ne sera pas forcément en adéquation avec les besoins des futurs étudiants et il faudra bien que des commerces de bouche (fromagerie, boucherie, charcuterie, etc.) finissent par voir le jour dans ce quartier qui en manque cruellement.

Je ne suis pas convaincu par le traitement de la problématique sécuritaire dans le quartier et je partage l’inquiétude mêlée au ras-le-bol des riverains. Est-on prêts à accueillir des milliers d’étudiants dans un quartier encore miné par les trafics de drogue ? Si la réponse collective que l’on veut donner est non, alors les conditions ne sont pas réunies. Il va falloir mettre des moyens pour endiguer ce problème.

Je ne suis pas convaincu, enfin, par le projet urbanistique. On a vu ce que l’hyper-densification crée comme nuisances dans d’autres secteurs d’Orléans, comme par exemple rues Drufin et Puits Saint-Laurent à l’ancienne clinique de la Reine Blanche. Je crois qu’il est ainsi nécessaire de revoir à la baisse le nombre de logements en redéfinissant l’un des 5 ilots qui sera créé au sud de la ZAC, celui initialement prévu pour accueillir un nouveau groupe scolaire par exemple. Je crois que le jardin prévu rue Stanislas Julien ne sera pas suffisant car le quartier Carmes, déjà très densément peuplé, ne dispose que de peu d’espaces d’aération. Je crois qu’il faudra définir rapidement ce que deviendront les bâtiments de l’ancien Hôtel Dieu pas encore occupés. Une offre hôtelière y avait été un temps envisagée. Est-ce toujours le cas ? Je rêve personnellement que le jardin du cloître soit ouvert à tous les Orléanais, à l’aide d’entrées percées de chaque côté du cloître.

On parle de la ZAC Carmes-Madeleine depuis trop longtemps à Orléans pour que, comme le disait un habitant aux élus mercredi dernier, « vous ne vous loupiez ». À bon entendeur.