L’absentéisme a été le sujet sur lequel nous avons pris à cœur de travailler dès le début de la mandature du Conseil Académique de Vie Lycéenne, notamment en discutant sur le nouveau projet académique. De mon point de vue la recherche de solutions à ce problème a été une aventure passionnante ponctuée par de multiples rencontres toutes aussi fructueuses les unes que les autres. Aujourd’hui 31 mai 2011, nous remettons un rapport complet sur l’absentéisme avec nos premières préconisations afin de prévenir et traiter ce problème qui gangrène l’ensemble de nos lycées, mais aussi de nos collèges. J’aimerais ici vous faire un rapide compte-rendu de ce document destiné en premier lieu à la rectrice de l’académie d’Orléans-Tours : Marie Reynier.

Logo du Conseil Académique de Vie Lycéenne d'Orléans-Tours

Tout a commencé le 14 décembre 2010 lorsque pour notre première réunion nous avons cherché ensemble les différentes formes d’absentéisme. En effet il y a plusieurs intensités : l’absentéisme épisodique qui consiste pour l’élève à sécher quelques heures disséminées, l’absentéisme chronique qui se caractérise par des absences répétées sur une plus longue période puis le décrochage qui constitue le dernier échelon de l’échec scolaire. Il est donc convenu de parler d’absentéismes, d’autant plus qu’il s’agit d’un problème pluriel puisque les déclencheurs sont multiples. On peut par exemple identifier la démotivation de l’élève dû à un manque de dynamisme pédagogique et citoyen dans l’établissement, la consommation de produits stupéfiants, l’orientation ou bien encore la maladie pouvant occasionner des absences plus ou moins longues. Aussi lorsque l’environnement familial et financier est difficile et que l’équipe d’encadrement adulte se démobilise, le décrochage peut s’accroître. De même il ne faut pas négliger l’attitude consommatrice vis-à-vis de l’éducation que certains élèves peuvent acquérir. A partir de ces premiers éléments, nous pouvons facilement imaginer des mesures pour contrer ces déclencheurs tout en veillant à ce que l’humain soit le premier critère.

Le 12 avril 2011 nous avons eu la chance d’enrichir nos travaux avec une circulaire, parue au Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale le 3 février 2011, s’intitulant « vaincre l’absentéisme ». Rédigée par le ministre Luc Chatel, cette circulaire constitue plusieurs points forts et notamment celui d’imposer la création d’un tableau de bord de l’absentéisme dans chaque établissement. On notera également l’importance accordée à la définition d’un projet d’orientation personnel pour l’élève. Cependant cette circulaire vise aussi à établir une nouvelle sanction : la suppression des allocations familiales en cas d’absences répétées ! On sent dans cette sanction excessive la touche Sarkozyste particulièrement injuste et idiote puisqu’en plus de désorienter la politique familiale, elle assure l’accroissement des inégalités. En effet elle défavorisera les élèves de familles à bas revenus sans toucher les familles de milieux plus favorisés. Finalement ce texte présente une prévention axée essentiellement sur les sanctions alors qu’il devrait présenter une prévention de l’absentéisme.

Enfin notre réunion d’aujourd’hui a permis d’accentuer les efforts en présentant à l’ensemble de la communauté éducatives nos premières idées pour inverser les tendances absentéistes :

  • D’abord quantifier car pour améliorer la prévention en s’adaptant à chaque logique absentéiste il faut comptabiliser avec finesse les heures réellement manquées et non plus seulement les demi-journées comme c’est le cas actuellement. Il faut aussi harmoniser le décompte des absences, que ce soit au plan académique ou même national. Cette harmonisation passe par une définition commune des absentéistes (par exemple un élève qui est exclu temporairement de cours ou un autre qui a trouvé un emploi sont-ils considérés comme absentéistes ou décrocheurs ?) ainsi que par une standardisation des motifs d’absences pour pouvoir comparer les situations des différents établissements.
  • Ensuite suivre les situations des élèves absentéistes ou en devenir en commençant par suivre leurs réactions (mutisme ou régularisation des absences ?). Aussi une cellule de veille, instituée dans chaque établissement et composée des Conseilles Principaux d’Éducation, des professeurs principaux, d’un représentant de l’administration, de l’infirmière et de l’assistante sociale, permettrait tout au long de la scolarité des élèves d’anticiper, de détecter, d’informer et de réagir face aux risques des dérives absentéistes. Sur le même esprit un conseil d’adaptation pourrait être créé pour faciliter la transition du collège vers le lycée qui peut parfois s’avérer très difficile pour bon nombre d’élèves.
  • Et pour finir : sanctionner si nécessaire. Logiquement c’est l’absentéisme de confort qui doit être le plus sanctionné par des avertissements ou des blâmes sans oublier le passage obligatoire et immédiat devant le Conseiller Principal d’Éducation afin que ce dernier puisse faire intégrer le plus rapidement possible les conséquences de l’acte. Néanmoins lorsque l’absentéisme de confort tend à s’aggraver, il ne doit plus être sanctionner mais traiter et le dossier de l’élève doit être envoyé à la cellule de veille mentionnée ci-dessus.

Pour conclure sur ce dossier qui s’avère être assez sensible on peut noter que le plus important c’est de traiter l’absentéisme par la réaffirmation d’un bon climat scolaire, par une réorganisation des rythmes scolaires, par une lutte acharnée contre le sureffectif dans les classes ainsi que par une innovation des enseignements. Pour lutter efficacement contre l’échec scolaire il faudrait donc encourager les initiatives innovantes et positives en valorisant en premier lieu les jeunes qui fournissent de beaux efforts.